it, et a tourner Pirmasens, lorsqu'un double
feu, dirige sur les deux flancs, vient l'accabler inopinement. Nos soldats
resistent d'abord, mais le feu redouble, et ils sont enfin ramenes le long
du ravin ou ils s'etaient engages. Les autres colonnes sont repliees de
meme, et toutes fuient le long des vallees, dans le plus grand desordre.
L'armee fut obligee de se reporter au poste d'ou elle etait partie. Tres
heureusement, les Prussiens ne songerent pas a la poursuivre, et ne firent
pas meme occuper son camp d'Hornbach, qu'elle avait quitte pour marcher sur
Pirmasens. Nous perdimes a cette affaire vingt-deux pieces de canon, et
quatre mille hommes tues, blesses ou prisonniers. Cet echec du 14 septembre
pouvait avoir une grande importance. Les coalises, ranimes par le succes,
songeaient a user de toutes leurs forces; ils se disposaient a marcher sur
la Sarre et la Lauter, et a nous enlever ainsi les lignes de Wissembourg.
Le siege de Lyon se poursuivait avec lenteur. Les Piemontais, en debouchant
par les Hautes-Alpes, dans les vallees de la Savoie, avaient fait
diversion, et oblige Dubois-Crance et Kellermann a diviser leurs forces.
Kellermann s'etait porte en Savoie. Dubois-Crance, reste devant Lyon avec
des moyens insuffisans, faisait inutilement pleuvoir le fer et le feu sur
cette malheureuse cite, qui, resolue a tout souffrir, ne pouvait plus etre
reduite par les desastres du blocus et du bombardement, mais seulement par
une attaque de vive force.
Aux Pyrenees, nous venions d'eprouver un sanglant echec. Nos troupes
etaient restees depuis les dernier evenemens aux environs de Perpignan; les
Espagnols se trouvaient dans leur camp du Mas-d'Eu. Nombreux, aguerris, et
commandes par un general habile, ils etaient pleins d'ardeur et
d'esperance. Nous avons deja decrit le theatre de la guerre. Les deux
vallees presque paralleles du Tech et de la Tet partent de la grande chaine
et debouchent vers la mer; Perpignan est dans la seconde de ces vallees.
Ricardos avait franchi la premiere ligne du Tech, puisqu'il se trouvait au
Mas-d'Eu, et il avait resolu de passer la Tet fort au-dessus de Perpignan,
de maniere a tourner cette place, et a forcer notre armee a l'abandonner.
Dans ce but, il songea d'abord a s'emparer de Villefranche. Cette petite
forteresse, placee sur le cours superieur de la Tet, devait assurer son
aile gauche contre le brave Dagobert, qui, avec trois mille hommes,
obtenait des succes en Cerdagne. En consequence
|