ours une aussi grande repugnance a quitter leur sol. Leurs chefs ne
songerent qu'a se partager le pays en quatre portions, pour y regner
individuellement. Charette eut la Basse-Vendee, M. de Bonchamps les bords
de la Loire du cote d'Angers, M. de La Rochejaquelein le reste du
Haut-Anjou, M. de Lescure toute la partie insurgee du Poitou. M. d'Elbee
conserva son titre inutile de generalissime, et le conseil superieur son
autorite fictive.
Le 9, Canclaux se mit en mouvement, laissa au camp des Naudieres une forte
reserve sous les ordres de Grouchy et d'Haxo, pour proteger Nantes, et
achemina la colonne de Mayence vers Leger. Pendant ce temps l'ancienne
armee de Brest, sous les ordres de Beysser, faisant le circuit de la
Basse-Vendee par Pornic, Bourneuf et Machecoul, devait se rejoindre a Leger
avec la colonne de Mayence.
Ces mouvemens, diriges par Canclaux, s'executerent sans obstacles. La
colonne de Mayence, dont Kleber commandait l'avant-garde, et Aubert-Dubayet
le corps de bataille, chassa tous les ennemis devant elle. Kleber, a
l'avant-garde, aussi loyal qu'heroique, faisait camper ses troupes hors des
villages pour empecher les devastations. "En passant, dit-il, devant le
beau lac de Grand-Lieu, nous avions des paysages charmans, et des echappees
de vue aussi agreables que multipliees. Sur une prairie immense erraient au
hasard de nombreux troupeaux abandonnes a eux-memes. Je ne pus m'empecher
de gemir sur le sort de ces infortunes habitans, qui, egares et fanatises
par leurs pretres, repoussaient les bienfaits d'un nouvel ordre de choses
pour courir a une destruction certaine." Kleber fit des efforts continuels
pour proteger le pays contre les soldats, et reussit le plus souvent. Une
commission civile avait ete jointe a l'etat-major pour faire executer le
decret du 1er aout, qui ordonnait de ruiner le sol et d'en transporter la
population ailleurs. Il etait defendu aux soldats de mettre le feu; et ce
n'etait que d'apres les ordres des generaux et de la commission civile,
que les moyens de destruction devaient etre employes.
On etait arrive le 14 a Leger, et la colonne de Mayence s'y etait reunie a
celle de Brest, commandee par Beysser. Pendant ce temps, la colonne des
Sables, sous les ordres de Mieszkousky, s'etait avancee a Saint-Fulgent,
suivant le plan convenu, et donnait deja la main a l'armee de Canclaux.
Celle de Lucon, retardee un moment par sa defaite a Chantonay, etait
demeuree en arriere; mais, grace a
|