raison que toutes les
imaginations allemandes l'appelaient, et qu'il lui aurait fallu, pour les
satisfaire, occuper cent lieues de pays. Par une contradiction singuliere,
tandis qu'on le blamait de n'avoir pas pris telle ville, ou fait contribuer
telle autre, on lui faisait un crime d'avoir pris Francfort, d'y avoir
pille les habitans, de n'y avoir pas fait les dispositions necessaires pour
resister aux Prussiens, et d'y avoir expose la garnison francaise a etre
massacree. Le brave Merlin de Thionville, l'un de ceux qui deposaient
contre lui, le justifiait sur ce point avec autant de loyaute que de
raison. Eut-il laisse vingt mille hommes a Francfort, il n'aurait pas pu y
tenir, disait Merlin; il aurait du se retirer a Mayence, et son seul tort
etait de ne l'avoir pas fait assez tot. Mais a Mayence, ajoutaient une
foule d'autres temoins, il n'avait fait aucun des preparatifs necessaires;
il n'avait amasse ni vivres, ni munitions; il n'y avait amoncele que
l'artillerie dont il avait depouille Strasbourg, pour la livrer aux
Prussiens, avec vingt mille hommes de garnison et deux deputes. Custine
prouvait qu'il avait donne les ordres pour les approvisionnemens; que
l'artillerie etait a peine suffisante, et qu'elle n'avait pas ete
inutilement accumulee pour etre livree. Merlin appuyait toutes les
assertions de Custine; mais ce qu'il ne lui pardonnait pas, c'etait sa
retraite si pusillanime, et son inaction sur le Haut-Rhin, pendant que la
garnison de Mayence faisait des prodiges. Custine ici restait sans reponse.
On lui reprochait ensuite d'avoir brule les magasins de Spire, en se
retirant; reproche absurde, car la retraite, une fois obligee, il valait
mieux bruler les magasins que de les laisser a l'ennemi. On l'accusait
d'avoir fait fusiller des volontaires a Spire pour cause de pillage: a quoi
il repondait que la convention avait approuve sa conduite. On l'accusait
encore d'avoir particulierement epargne les Prussiens, d'avoir
volontairement expose son armee a etre battue le 15 mai, de s'etre
tardivement rendu dans son commandement du Nord, d'avoir tente de degarnir
Lille de son artillerie pour la porter au camp de Cesar, d'avoir empeche
qu'on secourut Valenciennes, de n'avoir pas oppose d'obstacle au
debarquement des Anglais; accusations toutes plus absurdes les unes que les
autres.--"Enfin, lui disait-on, vous avez plaint Louis XVI, vous avez ete
triste le 31 mai, vous avez voulu faire pendre le docteur Hoffmann,
presiden
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