one, leur opposition
au projet du 10 aout, leur lutte avec la commune depuis le 10 aout jusqu'au
20 septembre, leurs energiques protestations contre les massacres, leur
pitie pour Louis XVI, leurs resistances au systeme inquisiteur qui
degoutait les generaux, leur opposition au tribunal extraordinaire, au
_maximum_, a l'emprunt force, a tous les moyens revolutionnaires: enfin
leurs efforts pour creer une autorite repressive en instituant la
commission des douze, leur desespoir apres leur defaite a Paris, desespoir
qui les fit recourir aux provinces, tout cela fut travesti en une
conspiration dans laquelle tout etait inseparable. Dans ce systeme
d'accusation, les opinions proferees a la tribune n'etaient que les
symptomes, les preparatifs de la guerre civile qui eclata bientot; et
quiconque avait parle dans la legislative et la convention, comme les
deputes reunis a Caen, a Bordeaux, a Lyon, a Marseille, etait coupable
comme eux. Quoiqu'on n'eut aucune preuve directe du concert, on en trouvait
dans leur communaute d'opinion, dans l'amitie qui avait uni la plupart
d'entre eux, dans leurs reunions habituelles chez Roland et chez Valaze.
Les girondins, au contraire, ne croyaient pas pouvoir etre condamnes, si on
consentait a discuter avec eux. Leurs opinions, disaient-ils, avaient ete
libres; ils avaient pu differer d'avis avec les montagnards sur le choix
des moyens revolutionnaires, sans etre coupables: leurs opinions ne
prouvaient ni ambition personnelle, ni complot premedite. Elles attestaient
au contraire que sur une foule de points ils n'avaient pas ete d'accord
entre eux. Enfin leur complicite avec les deputes revoltes n'etait que
supposee, et leurs lettres, leur amitie, leur habitude de sieger sur les
memes bancs, ne suffisaient nullement pour la demontrer. "Si on nous laisse
parler, disaient les girondins, nous sommes sauves." Funeste idee, qui,
sans assurer leur salut, leur fit perdre une partie de cette dignite, seul
dedommagement d'une mort injuste!
Si les partis avaient plus de franchise, ils seraient du moins bien plus
nobles. Le parti vainqueur aurait pu dire au parti vaincu: "Vous avez
pousse l'attachement a votre systeme de moderation, jusqu'a nous faire la
guerre, jusqu'a mettre la republique a deux doigts de sa perte, par une
diversion desastreuse; vous etes vaincus, il faut mourir." De leur cote,
les girondins avaient un beau discours a tenir a leurs vainqueurs. Ils
pouvaient leur repondre: "Nous vous
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