a commission des douze, et qui, par ses instances
reiterees en faveur de ses amis, avait merite depuis de partager leur sort,
Fonfrede semblait, pour une si belle cause, abandonner avec facilite, et sa
grande fortune, et sa jeune epouse, et sa vie.
Amar avait redige, au nom du comite de surete generale, l'acte
d'accusation. Pache fut le premier temoin entendu a l'appui. Cauteleux et
prudent, comme il l'etait toujours, il dit qu'il avait apercu depuis
long-temps une faction contraire a la revolution, mais il n'articula aucun
fait prouvant un complot premedite. Il dit seulement que, lorsque la
convention etait menacee par Dumouriez, il se rendit au comite des finances
pour obtenir des fonds et approvisionner Paris, et que le comite les
refusa; il ajouta qu'il avait ete maltraite dans le comite de surete
generale, et que Guadet l'avait menace de demander l'arrestation des
autorites municipales. Chaumette raconta toutes les luttes de la commune
avec le cote droit, telles qu'on les avait apprises par les journaux; il
n'ajouta qu'un seul fait particulier, c'est que Brissot avait fait nommer
Santonax commissaire aux colonies, et que Brissot etait par consequent
l'auteur de tous les maux du Nouveau-Monde. Le miserable Hebert raconta son
arrestation par la commission des douze, et dit que Roland corrompait tous
les ecrivains, car madame Roland avait voulu acheter sa feuille du _Pere
Duchene_. Destournelles, ministre de la justice, et autrefois employe a la
commune, deposa d'une maniere aussi vague, et repeta ce qu'on savait, c'est
que les accuses avaient poursuivi la commune, tonne contre les massacres,
et voulu instituer une garde departementale, etc., etc. Le temoin le plus
prolixe, le plus acharne dans sa deposition, qui dura plusieurs heures, fut
l'ex-capucin Chabot. Ame bouillante, faible et vile, Chabot avait toujours
ete traite par les girondins comme un extravagant; il ne leur pardonnait
pas leurs dedains; il etait fier d'avoir voulu le 10 aout contre leur avis;
il pretendait que, s'ils avaient consenti a l'envoyer aux prisons, il
aurait sauve les prisonniers comme il avait sauve les Suisses; il voulait
donc se venger des girondins, et surtout recouvrer, en les calomniant, sa
popularite, qu'il commencait a perdre aux jacobins, parce qu'on le
soupconnait de prendre part a l'agiotage. Il imagina une longue et mechante
accusation, ou il montra les girondins cherchant d'abord a s'emparer du
ministre Narbonne, puis, apres avoi
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