se souleverent, et pretendirent qu'on voulait renouveler
l'_inviolabilite_. Ils le firent rapporter, et commencerent l'enquete la
plus severe sur ceux qui l'avaient propose, sur leur conduite et sur
l'origine de leur subite fortune. Julien, Fabre, Chabot, Delaunay, Bazire,
Thuriot, depopularises en quelques jours, furent ranges dans le parti des
hommes equivoques et moderes. Hebert les couvrit d'injures grossieres dans
sa feuille, et les livra a la vile populace.
Quatre ou cinq autres individus partagerent encore le meme sort, quoique
jusqu'ici reconnus excellens patriotes. C'etaient Proli, Pereyra, Gusman,
Dubuisson et Desfieux. Nes presque tous sur le sol etranger, ils etaient
venus, comme les deux Frey et comme Clootz, se jeter dans la revolution
francaise, par enthousiasme, et probablement aussi par besoin de faire
fortune. On ne s'inquieta pas de ce qu'ils etaient tant qu'on les vit
abonder dans le sens de la revolution. Proli, qui etait de Bruxelles, fut
envoye avec Pereyra et Desfieux aupres de Dumouriez, pour decouvrir ses
intentions. Ils le firent expliquer, et vinrent, comme nous l'avons
rapporte, le denoncer a la convention et aux Jacobins. C'etait bien
jusque-la; mais ils avaient ete employes par Lebrun, parce qu'etant
etrangers et instruits, ils pouvaient rendre des services aux relations
exterieures. En approchant Lebrun, ils apprirent a l'estimer, et ils le
defendirent plus tard. Proli avait connu beaucoup Dumouriez, et, malgre la
defection de ce general, il avait persiste a vanter ses talens et a dire
qu'on aurait pu le conserver a la republique; enfin presque tous,
connaissant mieux les pays voisins, avaient blame l'application du systeme
jacobin a la Belgique et aux provinces reunies a la France. Leurs propos
furent recueillis, et lorsqu'une defiance generale fit imaginer
l'intervention secrete d'une faction etrangere, on commenca a les
soupconner, et a se raviser sur leurs discours. On sut que Proli etait fils
naturel de Kaunitz; on supposa qu'il etait le meneur en chef, et on les
metamorphosa tous en espions de Pitt et de Cobourg. Bientot la fureur n'eut
plus de bornes, et l'exageration meme de leur patriotisme, qu'ils croyaient
propre a les justifier, ne servit qu'a les compromettre davantage. On les
confondit avec le parti des equivoques, des moderes. Ainsi, des que Danton
ou ses amis avaient quelque observation a faire sur les fautes des agens
ministeriels, ou sur les violences exercees contre le
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