ataille
fatigue d'une longue route, faite sans vivres, sans souliers, et a travers
les boues de l'automne. Westermann et les representans voulaient de nouveau
se reporter en avant. Kleber s'y opposa avec force, et fit decider qu'on ne
s'avancerait pas au-dela de Villiers, moitie chemin de Chateau-Gonthier a
Laval.
Il s'agissait de former un plan pour l'attaque de Laval. Cette ville est
situee sur la Mayenne. Marcher directement par la rive gauche que l'on
occupait, etait imprudent, comme l'observa judicieusement un officier tres
distingue, Savary, qui connaissait parfaitement les lieux. Il etait facile
aux Vendeens d'occuper le pont de Laval, et de s'y maintenir contre toutes
les attaques; ils pouvaient ensuite, tandis que l'armee republicaine etait
inutilement amassee sur la rive gauche, marcher le long de la rive droite,
passer la Mayenne sur ses derrieres, et l'accabler a l'improviste. Il
proposa donc de diviser l'attaque, et de porter une partie de l'armee sur
la rive droite. De ce cote il n'y avait pas de pont a franchir, et
l'occupation de Laval ne presentait point d'obstacle. Ce plan, approuve par
les generaux, fut adopte par Lechelle. Le lendemain, cependant, Lechelle,
qui sortait quelquefois de sa nullite pour commettre des fautes, envoie
l'ordre le plus sot et le plus contradictoire a ce qui avait ete convenu la
veille. Il prescrit, suivant ses expressions accoutumees, de marcher
_majestueusement et en masse_ sur Laval, en longeant par la rive gauche.
Kleber et tous les generaux sont indignes; cependant il faut obeir. Beaupuy
s'avance le premier; Kleber le suit immediatement. Toute l'armee vendeenne
etait deployee sur les hauteurs d'Entrames. Beaupuy engage le combat;
Kleber se deploie a droite et a gauche de la route, de maniere a s'etendre
le plus possible. Sentant neanmoins le desavantage de cette position, il
fait dire a Lechelle de porter la division Chalbos sur le flanc de
l'ennemi, mouvement qui devait l'ebranler. Mais cette colonne, composee de
ces bataillons formes a Orleans et a Niort, qui avaient fui si souvent, se
debande avant de s'etre mise en marche. Lechelle s'echappe le premier a
toute bride; une grande moitie de l'armee, qui ne se battait pas, fuit en
toute hate, ayant Lechelle en tete, et court jusqu'a Chateau-Gonthier, et
de Chateau-Gonthier jusqu'a Angers. Les braves Mayencais, qui n'avaient
jamais lache pied, se debandent pour la premiere fois. La deroute devient
alors generale; Beaupuy,
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