rie, de poursuivre les restes
fugitifs de la Vendee. Kleber et Marceau retournerent a Nantes. Recus, le
24, par le peuple de cette ville, ils obtinrent une espece de triomphe, et
furent gratifies par le club jacobin d'une couronne civique.
Si l'on considere dans son ensemble cette campagne memorable de 93, on ne
pourra s'empecher de la regarder comme le plus grand effort qu'ait jamais
fait une societe menacee. Dans l'annee 1792, la coalition, qui n'etait pas
complete encore, avait agi sans ensemble et sans vigueur. Les Prussiens
avaient tente en Champagne une invasion ridicule; les Autrichiens s'etaient
bornes dans les Pays-Bas a bombarder la place de Lille. Les Francais, dans
leur premiere exaltation, repousserent les Prussiens au-dela du Rhin, les
Autrichiens au-dela de la Meuse, conquirent les Pays-Bas, Mayence, la
Savoie et le comte de Nice. La grande annee 93 s'ouvrit d'une maniere bien
differente. La coalition etait augmentee des trois puissances qui jusque-la
etaient restees neutres. L'Espagne poussee a bout par le 21 janvier, avait
enfin porte cinquante mille hommes sur les Pyrenees; la France avait oblige
Pitt a se declarer; et l'Angleterre et la Hollande etaient entrees a la
fois dans la coalition, qui se trouvait ainsi doublee; et qui, mieux
avertie des moyens de l'ennemi qu'elle avait a combattre, augmentait ses
forces, et se preparait a un effort decisif. Ainsi, comme sous Louis XIV,
la France avait a soutenir l'attaque de l'Europe entiere; et cette fois
elle ne s'etait pas attire ce concours d'ennemis par son ambition, mais par
la juste colere que lui inspira l'intervention des puissances dans ses
affaires interieures.
Des le mois de mars, Dumouriez debuta par une temerite, et voulut envahir
la Hollande en se jetant dans des bateaux. Pendant ce temps Cobourg surprit
les lieutenans de Dumouriez, les rejeta au-dela de la Meuse, et le forca
lui-meme a venir se mettre a la tete de son armee. Dumouriez fut oblige de
livrer la bataille de Nerwinde. Cette terrible bataille etait gagnee,
lorsque l'aile gauche flechit, et repassa la Gette; il fallut battre en
retraite, et nous perdimes la Belgique en quelques jours. Alors les revers
aigrissant les coeurs, Dumouriez rompit avec son gouvernement, et passa aux
Autrichiens. Dans le meme instant, Custine, battu a Francfort, ramene sur
le Rhin, et separe de Mayence, laissait les Prussiens bloquer cette place
fameuse, et en commencer le siege; les Piemontais nous repouss
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