somme generale de tous nos maux, Robespierre, ne voulant pas
voir qu'ils etaient inevitables, les imputait a l'etranger, qui, sans
doute, pouvait s'en applaudir, mais qui, pour les produire, s'en reposait
sur les vices de la nature humaine, et n'aurait pas eu le moyen d'y
suppleer par des complots. Robespierre, regardant comme complices de la
coalition tous les prisonniers illustres qu'on detenait encore, proposa de
les envoyer de suite au tribunal revolutionnaire. Ainsi Dietrich, maire de
Strasbourg, Custine fils, Biron, et tous les officiers amis de Dumouriez,
de Custine et de Houchard, durent etre incessamment juges. Sans doute, il
n'etait pas besoin d'un decret de la convention pour que ces victimes
fussent immolees par le tribunal revolutionnaire; mais ce soin de hater
leur supplice etait une preuve que le gouvernement ne faiblissait pas.
Robespierre proposa en outre d'augmenter d'un tiers les recompenses
territoriales promises aux defenseurs de la patrie.
Apres ce rapport, Barrere fut charge d'en faire un autre sur les
arrestations qu'on disait chaque jour plus nombreuses, et de proposer les
moyens de verifier les motifs de ces arrestations. Le but de ce rapport
etait de repondre, sans qu'il y parut, au _Vieux Cordelier_, de Camille
Desmoulins, et a sa proposition d'un comite de clemence. Barrere traita
avec severite les _Traductions des orateurs anciens_, et proposa neanmoins
de nommer une commission pour verifier les arrestations; ce qui ressemblait
fort au comite de clemence imagine par Camille. Cependant, sur les
observations de quelques-uns de ses membres, la convention crut devoir s'en
tenir a ses decrets precedens, qui obligeaient les comites revolutionnaires
a adresser au comite de surete generale les motifs des arrestations, et
permettaient aux detenus de reclamer aupres de ce dernier comite.
Le gouvernement poursuivait ainsi sa marche entre les deux partis qui se
formaient, inclinant secretement pour le parti modere, mais craignant
toujours de le laisser trop apercevoir. Pendant ce temps, Camille publia un
numero plus fort encore que les precedens, et qui etait adresse aux
jacobins. Il l'intitula: _Ma Defense_; et c'etait la plus hardie et la
plus terrible recrimination contre ses adversaires.
A propos de sa radiation des Cordeliers, il disait: "Pardon, freres et
amis, si j'ose prendre encore le titre de vieux cordelier, apres l'arrete
du club qui me defend de me parer de ce nom. Mais, en verite, c'es
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