. Ils etaient surnommes les _epauletiers_, et fort
redoutes dans Paris. Depuis la loi qui interdisait aux sections de se
reunir plus de deux fois par semaine, elles s'etaient changees en societes
populaires fort turbulentes. Il y avait jusqu'a deux de ces societes par
section, et c'etait la que tous les partis interesses a produire un
mouvement dirigeaient leurs agens. Les _epauletiers_ ne manquaient pas de
s'y tendre, et, grace a eux, le tumulte regnait dans presque toutes.
Robespierre, toujours ferme aux jacobins, fit repousser la petition des
cordeliers, et de plus, fit retirer l'affiliation a toutes les societes
populaires formees depuis le 31 mai. C'etaient la des actes d'une prudente
et louable energie. Cependant le comite, tout en faisant les plus grands
efforts pour comprimer la faction turbulente, devait s'attacher aussi a ne
pas se donner les apparences de la mollesse et de la moderation. Il
fallait, pour qu'il put conserver sa popularite et sa force, qu'il deployat
la meme rigueur contre la faction opposee. C'est pourquoi, le 5 nivose (25
decembre), Robespierre fut charge de faire un nouveau rapport sur les
principes du gouvernement revolutionnaire, et de proposer des mesures de
severite contre quelques prisonniers illustres. S'attachant toujours, par
politique et aussi par erreur, a rejeter tous les desordres sur la
pretendue faction etrangere, il lui imputa a la fois les torts des moderes
et des exageres. "Les cours etrangeres ont vomi, dit-il, sur la France, les
scelerats habiles qu'elles tiennent a leur solde. Ils deliberent dans nos
administrations, s'introduisent dans nos assemblees sectionnaires, et dans
nos clubs; ils ont siege jusque dans la representation nationale; ils
dirigent et dirigeront eternellement la contre-revolution sur le meme plan.
Ils rodent autour de nous; ils surprennent nos secrets, caressent nos
passions, et cherchent a nous inspirer jusqu'a nos opinions." Robespierre,
poursuivant ce tableau, les montre poussant tour a tour a l'exageration ou
a la faiblesse, excitant a Paris la persecution des cultes, et dans la
Vendee la resistance du fanatisme; immolant Lepelletier et Marat, et puis
se melant dans les groupes pour leur decerner les honneurs divins, afin de
les rendre ridicules et odieux; donnant ou retirant le pain au peuple,
faisant paraitre ou disparaitre l'argent, profitant enfin de tous les
accidens pour les tourner contre la revolution et la France. Apres avoir
fait ainsi la
|