olonger les debats, d'arriver a la fin des trois jours sans s'etre
explique, et de faire declarer alors par les jures qu'ils sont suffisamment
instruits.
Pendant que ces choses se passaient au tribunal, au comite et dans Paris,
l'emotion n'etait pas moindre dans les prisons, ou l'on portait un vif
interet aux accuses, et ou l'on ne voyait plus d'esperance pour personne,
si de tels revolutionnaires etaient immoles. Il y avait au Luxembourg le
malheureux Dillon, ami de Desmoulins et defendu par lui; il avait appris
par Chaumette, qui, expose au meme danger, faisait cause commune avec les
moderes, ce qui s'etait passe au tribunal. Chaumette le tenait de sa femme.
Dillon, dont la tete etait vive, et qui, en vieux militaire, cherchait
quelquefois dans le vin des distractions a ses peines, parla
inconsiderement a un nomme Laflotte, enferme dans la meme prison; il lui
dit qu'il etait temps que les bons republicains levassent la tete contre de
vils oppresseurs, que le peuple avait paru se reveiller, que Danton
demandait a repondre devant les comites, que sa condamnation etait loin
d'etre assuree, que la femme de Camille Desmoulins, en repandant des
assignats, pourrait soulever le peuple, et que si lui parvenait a
s'echapper, il reunirait assez d'hommes resolus pour sauver les
republicains pres d'etre sacrifies par le tribunal. Ce n'etaient la que de
vains propos prononces dans l'ivresse et la douleur. Cependant il parait
qu'il fut question aussi de faire passer mille ecus et une lettre a la
femme de Camille. Le lache Laflotte, croyant obtenir la vie et la liberte
en denoncant un complot, courut faire au concierge du Luxembourg une
declaration, dans laquelle il supposa une conspiration pres d'eclater au
dedans et au dehors des prisons, pour enlever les accuses, et assassiner
les membres des deux comites. On verra bientot quel usage on fit de cette
fatale deposition.
Le lendemain l'affluence etait la meme au tribunal. Danton et ses
collegues, aussi fermes et aussi opiniatres, demandent encore la
comparution de plusieurs membres de la convention et des deux comites.
Fouquier, presse de repondre, dit qu'il ne s'oppose pas a ce qu'on appelle
les temoins necessaires. Mais il ne suffit pas, ajoutent les accuses, qu'il
n'y mette aucun obstacle, il faut de plus qu'il les appelle lui-meme. A
cela Fouquier replique qu'il appellera tous ceux qu'on designera, excepte
les membres de la convention, parce que c'est a l'assemblee qu'il
appar
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