rminer les luttes de la monarchie et de la revolution, et il fit le 10
aout. En presence des Prussiens, il pensa qu'il fallait contenir la France
et l'engager dans le systeme de la revolution; il ordonna, dit-on, les
journees horribles de septembre, et tout en les ordonnant, il sauva une
foule de victimes. Au commencement de la grande annee 1793, la
convention etait etonnee a la vue de l'Europe armee; il prononca, en les
comprenant dans toute leur profondeur, ces paroles remarquables: "Une
nation en revolution est plus pres de conquerir ses voisins que d'en etre
conquise." Il jugea que vingt-cinq millions d'hommes qu'on oserait mouvoir
n'auraient rien a craindre de quelques centaines de mille hommes armes par
les trones. Il proposa de soulever le peuple, de faire payer les riches; il
imagina enfin toutes les mesures revolutionnaires qui ont laisse un si
terrible souvenir, mais qui ont sauve la France. Cet homme, si puissant
dans l'action, retombait pendant l'intervalle des dangers dans l'indolence
et les plaisirs qu'il avait toujours aimes. Il recherchait meme les
jouissances les plus innocentes, celles que procurent les champs, une
epouse adoree et des amis. Alors il oubliait les vaincus, ne pouvait plus
les hair, savait meme leur rendre justice, les plaindre et les defendre.
Mais pendant ces intervalles de repos, necessaires a son ame ardente, ses
rivaux gagnaient peu a peu, par leur perseverance, la renommee et
l'influence qu'il avait acquises en un seul jour de peril. Les fanatiques
lui reprochaient son amollissement et sa bonte, et oubliaient qu'en fait de
cruautes politiques il les avait egales tous dans les journees de
septembre. Tandis qu'il se confiait en sa renommee, tandis qu'il differait
par paresse, et qu'il roulait dans sa tete de nobles projets, pour ramener
les lois douces, pour borner le regne de la violence aux jours de danger,
pour separer les exterminateurs irrevocablement engages dans le sang, des
hommes qui n'avaient cede qu'aux circonstances, pour organiser enfin la
France et la reconcilier avec l'Europe, il fut surpris par ses collegues
auxquels il avait abandonne le gouvernement. Ceux-ci, en frappant un coup
sur les ultra-revolutionnaires, devaient, pour ne point paraitre
retrograder, frapper un coup sur les moderes. La politique demandait des
victimes; l'envie les choisit, et immola l'homme le plus celebre et le plus
redoute du temps. Danton succomba avec sa renommee et ses services, devant
le gou
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