ois ou quatre jures seulement
osent appuyer les accuses, mais la majorite l'emporte. Le president du
jury, le nomme Trinchard, rentre plein d'une joie feroce, et prononce de
l'air d'un furieux la condamnation inique.
[Illustration: CAMILLE DESMOULINS Publie par Furne, Paris.]
On ne voulut pas s'exposer a une nouvelle explosion des condamnes, en les
faisant remonter de la prison a la salle du tribunal pour entendre leur
sentence; un greffier descendit la leur lire. Ils le renvoyerent sans
vouloir le laisser achever, et en s'ecriant qu'on pouvait les conduire a la
mort. Une fois la condamnation prononcee, Danton, qui avait ete souleve
d'indignation, redevint calme et fut rendu a tout son mepris pour ses
adversaires. Camille, bientot apaise, versa quelques larmes sur son epouse;
et, grace a son heureuse imprevoyance, n'imagina pas qu'elle fut menacee de
la mort, ce qui aurait rendu ses derniers momens insupportables. Herault
fut gai comme a l'ordinaire. Tous les accuses furent fermes, et Westermann
se montra digne de sa bravoure si celebre.
Ils furent executes le 16 germinal (5 avril). La troupe infame, payee pour
outrager les victimes, suivait les charrettes. Camille, a cette vue,
eprouvant un mouvement d'indignation, voulut parler a la multitude, et il
vomit contre le lache et hypocrite Robespierre les plus vehementes
imprecations. Les miserables envoyes pour l'outrager lui repondirent par
des injures. Dans son action violente, il avait dechire sa chemise et avait
les epaules nues. Danton, promenant sur cette troupe un regard calme et
plein de mepris, dit a Camille: "Reste donc tranquille, et laisse la cette
vile canaille." Arrive au pied de l'echafaud, Danton allait embrasser
Herault-Sechelles, qui lui tendait les bras: l'executeur s'y opposant, il
lui adressa, avec un sourire, ces expressions terribles: "Tu peux donc etre
plus cruel que la mort! Va, tu n'empecheras pas que dans un moment nos
tetes s'embrassent dans le fond du panier."
Telle fut la fin de ce Danton qui avait jete un si grand eclat dans la
revolution, et qui lui avait ete si utile. Audacieux, ardent, avide
d'emotions et de plaisirs, il s'etait precipite dans la carriere des
troubles, et il dut briller surtout les jours de terreur. Prompt et
positif, n'etant etonne ni par la difficulte ni par la nouveaute d'une
situation extraordinaire, il savait juger les moyens necessaires, et
n'avait peur ni scrupule d'aucun. Il pensa qu'il devenait urgent de
te
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