u peuple, et que ses ennemis
soient punis. Dans la meme soiree, les cordeliers s'assemblent en tumulte;
on fait chez eux le tableau des souffrances publiques; on raconte les
persecutions qu'ont recemment essuyees les deux grands patriotes Vincent et
Ronsin, lesquels, dit-on, etaient malades au Luxembourg, sans pouvoir
obtenir un medecin qui les saignat. En consequence, on declare la patrie en
danger, et on voile la declaration des droits de l'homme. C'est ainsi que
toutes les insurrections avaient commence, par la declaration que les lois
etaient suspendues, et que le peuple rentrait dans l'exercice de sa
souverainete.
Le lendemain 16, la section Marat et les cordeliers se presentent a la
commune pour lui signifier leurs arretes, et pour l'entrainer aux memes
demarches. Pache avait eu soin de ne pas s'y rendre. Le nomme Lubin
presidait le conseil general. Il repond a la deputation avec un embarras
visible; il dit que dans le moment ou la convention prend des mesures si
energiques contre les ennemis de la revolution, et pour secourir les
patriotes indigens, il est etonnant qu'on donne un signal de detresse, et
qu'on voile la declaration des droits. Feignant ensuite de justifier le
conseil general, comme s'il etait accuse, Lubin ajoute que le conseil a
fait tous ses efforts pour assurer les subsistances et en regler la
distribution. Chaumette tient des discours tout aussi vagues. Il recommande
la paix, requiert le rapport sur la culture des jardins de luxe, et sur
l'approvisionnement de la capitale, qui, d'apres les decrets, devait etre
approvisionnee comme une place de guerre.
Ainsi les chefs de la commune hesitaient, et le mouvement, quoique
tumultueux, n'etait pas assez fort pour les entrainer, et leur inspirer le
courage de trahir le comite et la convention. Le desordre neanmoins etait
grand. L'insurrection commencait comme toutes celles qui avaient jadis
reussi, et ne devait pas inspirer de moindres craintes. Par une rencontre
facheuse, le comite de salut public etait prive, dans le moment, de ses
membres les plus influens: Billaud-Varennes, Jean-Bon-Saint-Andre, etaient
absens pour affaires d'administration; Couthon et Robespierre etaient
malades, et celui-ci ne pouvait pas venir gouverner ses fideles jacobins.
Il ne restait que Saint-Just et Collot-d'Herbois pour dejouer cette
tentative. Ils se rendent tous les deux a la convention, ou l'on
s'assemblait en tumulte, et ou l'on tremblait d'effroi. Sur leur
proposi
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