nsi furent sacrifies ces miserables a l'indispensable necessite d'etablir
un gouvernement ferme et vigoureux: et ici, le besoin d'ordre et
d'obeissance n'etait pas un de ces sophismes a l'aide desquels les
gouvernement immolent leurs victimes. Toute l'Europe menacait la France,
tous les brouillons voulaient s'emparer de l'autorite, et compromettaient
le salut commun par leurs luttes. Il etait indispensable que quelques
hommes plus energiques s'emparassent de cette autorite disputee,
l'occupassent a l'exclusion de tous, et pussent ainsi s'en servir pour
resister a l'Europe. Si on eprouve un regret, c'est de voir employer le
mensonge contre ces miserables, c'est de voir parmi eux un homme d'un ferme
courage, Ronsin; un fou inoffensif, Clootz; un etranger, intrigant
peut-etre, mais point conspirateur, et plein de merite, le malheureux
Proli.
A peine les hebertistes avaient-ils subi leur supplice, que les _indulgens_
montrerent une grande joie, et dirent qu'ils n'avaient donc pas tort de
denoncer Hebert, Ronsin, Vincent, puisque le comite de salut public et le
tribunal revolutionnaire venaient de les envoyer a la mort. "De quoi donc
nous accuse-t-on? disaient-ils. Nous n'avons eu d'autre tort que de
reprocher a ces factieux de vouloir bouleverser la republique, detruire la
convention nationale, supplanter le comite de salut public, joindre le
danger des guerres religieuses a celui des guerres civiles, et amener une
confusion generale. C'est la justement ce que leur ont reproche Saint-Just
et Fouquier-Tinville en les envoyant a l'echafaud. En quoi pouvons-nous
etre des conspirateurs, des ennemis de la republique?"
Rien n'etait plus juste que ces reflexions, et le comite pensait
exactement comme Danton, Camille Desmoulins, Philippeau, Fabre, sur le
danger de cette turbulence anarchique. La preuve, c'est que Robespierre,
depuis le 31 mai, n'avait cesse de defendre Danton et Camille, et d'accuser
les anarchistes. Mais, nous l'avons dit, en frappant ces derniers, le
comite s'exposait a passer pour modere, et il fallait qu'il deployat
d'autre part la plus grande rigueur, pour ne pas compromettre sa reputation
revolutionnaire. Il fallait, tout en pensant comme Danton et Camille, qu'il
censurat leurs opinions, qu'il les immolat dans ses discours, et parut ne
pas les favoriser plus que les hebertistes eux-memes. Dans le rapport
contre les deux factions, Saint-Just avait autant accuse l'une que l'autre,
et avait garde un silence me
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