comme un commencement d'execution. Hebert fut
couvert d'infamie. A peine lui reprocha-t-on ses actes politiques et son
journal, on se contenta de lui prouver des vols de chemises et de
mouchoirs.
Mais laissons la ces honteuses discussions entre ces bas accuses et le bas
accusateur dont se servait un gouvernement terrible pour consommer les
sacrifices qu'il avait ordonnes. Retire dans sa sphere elevee, ce
gouvernement designait les malheureux qui lui faisaient obstacle, et
laissait a son procureur-general Fouquier le soin de satisfaire aux formes
avec des mensonges. Si, dans cette vile tourbe de victimes sacrifiees au
besoin de la tranquillite publique, quelques-unes meritent d'etre mises a
part, ce sont ces malheureux etrangers, Proli, Anacharsis Clootz, condamnes
comme agens de la coalition. Proli, comme nous l'avons dit, connaissant la
Belgique, sa patrie, avait blame la violence ignorante des jacobins dans ce
pays; il avait admire les talens de Dumouriez, et il en convint au
tribunal. Sa connaissance des cours etrangeres l'avait deux ou trois fois
rendu utile a Lebrun, et il l'avoua encore. "Tu as blame, lui dit-on, le
systeme revolutionnaire en Belgique, tu as admire Dumouriez, tu as ete
l'ami de Lebrun, tu es donc l'agent de l'etranger." Il n'y eut pas un autre
fait allegue. Quant a Clootz, sa republique universelle, son dogme de la
raison, ses cent mille livres de rente, et quelques efforts tentes par lui
pour sauver une emigree, suffirent pour le convaincre. A peine le
troisieme jour des debats etait-il commence, que le jury se declara
suffisamment eclaire, et condamna pele-mele ces intrigans, ces brouillons
et ces malheureux etrangers a la peine de mort. Un seul fut absous; ce fut
le nomme Laboureau, qui, dans cette affaire, avait servi d'espion au comite
de salut public. Le 4 germinal (24 mars), a quatre heures de l'apres-midi,
les condamnes furent conduits au lieu du supplice. La foule etait aussi
grande qu'a aucune des executions precedentes. On louait des places sur des
charrettes, sur des tables disposees autour de l'echafaud. Ni Ronsin, ni
Clootz ne _broncherent_, pour nous servir de leur terrible expression.
Hebert, accable de honte, decourage par le mepris, ne prenait aucun soin de
surmonter sa lachete; il tombait a chaque instant en defaillance, et la
populace, aussi vile que lui, suivait la fatale charrette, en repetant le
cri des petits colporteurs: _Il est bougrement en colere le Pere Duchene_.
Ai
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