ent voulu
pousser le gouvernement revolutionnaire jusqu'a en faire une simple
commission militaire, l'abolition des superstitions jusqu'a la persecution
des cultes, les moeurs republicaines jusqu'a la grossierete, la liberte de
langage jusqu'a la bassesse la plus degoutante, enfin la defiance et la
severite democratiques a l'egard des hommes jusqu'a la diffamation la plus
atroce. De mauvais propos contre la convention et le comite, des projets de
gouvernement en paroles, des motions aux Cordeliers et dans les sections,
de sales pamphlets, une visite de Ronsin dans les prisons, pour y
rechercher s'il n'y avait pas de patriotes renfermes, comme lui venait de
l'etre, enfin quelques menaces, et l'essai d'un mouvement sous le pretexte
de la disette, tels etaient leurs complots. Il n'y avait la que sottises et
ordures de mauvais sujets. Mais une conspiration profondement ourdie et
correspondant avec l'etranger etait fort au-dessus de ces miserables.
C'etait une perfide supposition du comite, que l'infame Fouquier-Tinville
fut charge de demontrer au tribunal, et que le tribunal eut ordre
d'adopter.
Les mauvais propos que Vincent et Ronsin s'etaient permis contre Legendre,
en dinant avec lui chez Pache, leurs propositions reiterees d'organiser le
pouvoir executif, furent allegues comme attestant le projet d'aneantir la
representation nationale et le comite de salut public. Leurs repas chez le
banquier Kock furent donnes comme la preuve de leur correspondance avec
l'etranger. A cette preuve on en ajouta une autre. Des lettres ecrites de
Paris a Londres, et inserees dans les journaux anglais, annoncaient que,
d'apres l'agitation qui regnait, des mouvemens etaient presumables. Ces
lettres, dit-on aux accuses, demontrent que l'etranger etait dans votre
confidence, puisqu'il predisait d'avance vos complots. La disette, qu'ils
avaient reprochee au gouvernement pour soulever le peuple, leur fut imputee
a eux seuls; et Fouquier, rendant calomnie pour calomnie, leur soutint
qu'ils etaient cause de cette disette, en faisant piller sur les routes les
charrettes de legumes et de fruits. Les munitions rassemblees a Paris pour
l'armee revolutionnaire leur furent reprochees comme des preparatifs de
conspiration. La visite de Ronsin dans les prisons fut donnee comme preuve
du projet d'armer les suspects, et de les dechainer dans Paris. Enfin, les
ecrits repandus dans les halles, et le voile jete sur la declaration des
droits, furent consideres
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