i ni plus dangereux que Pache, mais qui etait, par vanite et
engouement, l'auteur des plus imprudentes determinations de la commune, et
l'un des apotres les plus zeles du culte de la Raison. On arreta donc le
malheureux Chaumette; on l'envoya au Luxembourg avec l'eveque Gobel, auteur
de la grande scene d'abjuration, et avec Anacharsis Clootz, deja exclu des
Jacobins et de la convention pour son origine etrangere, sa noblesse, sa
fortune, sa republique universelle et son atheisme.
Lorsque Chaumette arriva au Luxembourg, les suspects accoururent au-devant
de lui, et l'accablerent de railleries. Le malheureux, avec un grand
penchant a la declamation, n'avait rien de l'audace de Ronsin, ni de la
fureur de Vincent. Ses cheveux plats, ses regards tremblans lui donnaient
les apparences d'un missionnaire; et il avait ete veritablement celui du
nouveau culte. Ceux-ci lui rappelaient ses requisitoires contre les filles
de joie, contre les aristocrates, contre la famine, contre les suspects. Un
prisonnier lui dit en s'inclinant: "Philosophe Anaxagoras, je suis
_suspect_, tu es _suspect_, nous sommes _suspects_." Chaumette s'excusa
avec un ton soumis et tremblant. Mais des ce moment il n'osa plus sortir de
sa cellule, ni se rendre dans la cour des prisonniers.
Le comite, apres avoir fait arreter ces malheureux, fit rediger par le
comite de surete generale l'acte d'accusation contre Chabot, Bazire,
Delaunay, Julien de Toulouse et Fabre. Tous cinq furent mis en accusation,
et deferes au tribunal revolutionnaire. Dans le meme moment, on apprit
qu'une emigree, poursuivie par un comite revolutionnaire, avait trouve
asile chez Herault-Sechelles. Deja ce depute si connu, qui joignait a une
grande fortune une grande naissance, une belle figure, un esprit plein de
politesse et de grace, qui etait l'ami de Danton, de Camille Desmoulins, de
Proli, et qui souvent s'effrayait de se voir dans les rangs de ces
revolutionnaires terribles, etait devenu suspect, et on avait oublie qu'il
etait l'auteur principal de la constitution. Le comite se hata de le faire
arreter, d'abord parce qu'il ne l'aimait pas, ensuite pour prouver qu'il
frapperait sans aucun menagement les moderes surpris en faute, et qu'il ne
serait pas plus indulgent pour eux que pour les autres coupables. Ainsi,
les coups du redoutable comite tombaient a la fois sur les hommes de tous
les rangs, de toutes les opinions, de tous les merites.
Le 1er germinal (20 mars), commenca le pro
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