aient a
Saorgio, les Espagnols entamaient les Pyrenees; et enfin les provinces de
l'Ouest, deja privees de leurs pretres et poussees a bout par la levee des
trois cent mille hommes, venaient de s'insurger au nom du trone et de
l'autel. C'est dans ce moment que la Montagne, exasperee de la desertion de
Dumouriez, des defaites essuyees dans les Pays-Bas, sur le Rhin, aux Alpes,
et surtout de l'insurrection de l'Ouest, ne garda plus aucune mesure,
arracha violemment les girondins du sein de la convention, et repoussa
ainsi tous ceux qui pouvaient lui parler encore de moderation. Ce nouvel
exces lui valut de nouveaux ennemis. Soixante-sept departemens sur
quatre-vingt-trois se souleverent contre ce gouvernement, qui eut alors a
lutter contre l'Europe, la Vendee royaliste, et les trois quarts de la
France federalisee. C'est a cette epoque que nous perdimes le camp de
Famars et le brave Dampierre, que le blocus de Valenciennes fut acheve, que
Mayence fut presse vivement, que les Espagnols passerent le Tech et
menacerent Perpignan, que les Vendeens prirent Saumur et assiegerent
Nantes, que les federalistes se disposerent a fondre de Lyon, de Marseille,
de Bordeaux et de Caen, sur Paris.
De tous les points on pouvait tenter une marche hardie sur la capitale,
terminer la revolution en quelques journees, et suspendre la civilisation
europeenne pour long-temps. Heureusement on assiegea des places. On se
souvient, avec quelle fermete la convention fit rentrer les departemens
dans la soumission, en leur montrant seulement son autorite, et en
dispersant les imprudens qui s'etaient avances jusqu'a Vernon; avec quel
bonheur les Vendeens furent repousses de Nantes, et arretes dans leur
marche victorieuse. Mais tandis que la convention triomphait des
federalistes, ses autres ennemis avaient fait des progres alarmans.
Valenciennes et Mayence furent prises apres des sieges memorables; la
guerre du federalisme amena deux evenemens desastreux, le siege de Lyon, et
la trahison de Toulon; enfin, la Vendee elle-meme, quoique renfermee dans
le cadre de la Loire, de la mer et du Poitou, par l'heureuse resistance de
Nantes, venait de repousser les colonnes de Westermann et de Labaroliere,
qui avaient voulu penetrer dans son sein. Jamais la situation n'avait ete
plus grave. Les coalises n'etaient plus arretes au Nord et au Rhin par des
sieges; Lyon et Toulon offraient aux Piemontais de solides appuis; la
Vendee paraissait indomptable, et offrait un
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