eber, dont la force froide et calme ne se laissait jamais emporter,
hesite; cependant, emporte par Westermann, il se decide, et attaque le
Mans. Le tocsin sonne, la desolation se repand dans la ville. Westermann,
Marceau, se precipitent au milieu de la nuit, culbutent tout devant eux,
et, malgre un feu terrible des maisons, parviennent a refouler le plus
grand nombre des Vendeens sur la grande place de la ville. Marceau fait
couper a sa droite et a sa gauche les rues aboutissant a cette place, et
tient ainsi les Vendeens bloques. Cependant sa position etait hasardee,
car, engage dans une ville au milieu de la nuit, il aurait pu etre tourne
et enveloppe. Il envoie donc un avis a Kleber, pour le presser d'arriver au
plus vite avec sa division. Celui-ci arrive a la pointe du jour. Le plus
grand nombre des Vendeens avait fui; il ne restait que les plus braves
pour proteger la retraite: on les charge a la baionnette, on les enfonce,
on les disperse, et un carnage horrible commence dans toute la ville.
Jamais deroute n'avait ete aussi meurtriere. Une foule considerable de
femmes, laissees en arriere, furent faites prisonnieres. Marceau sauva une
jeune personne qui avait perdu ses parens, et qui, dans son desespoir,
demandait qu'on lui donnat la mort. Elle etait modeste et belle; Marceau,
plein d'egards et de delicatesse, la recueillit dans sa voiture, la
respecta, et la fit deposer dans un lieu sur. Les campagnes etaient
couvertes au loin des debris de ce grand desastre. Westermann, infatigable,
harcelait les fugitifs, et jonchait les routes de cadavres. Les infortunes,
ne sachant ou fuir, rentrerent dans Laval pour la troisieme fois, et en
ressortirent aussitot pour se reporter de nouveau vers la Loire. Ils
voulurent la repasser a Ancenis. La Rochejaquelein et Stofflet se jeterent
sur l'autre bord, pour aller, dit-on, prendre des barques et les amener sur
la rive droite. Ils ne revinrent plus. On assure que le retour leur avait
ete impossible. Le passage ne put s'effectuer. La colonne vendeenne, privee
de la presence et de l'appui de ses deux chefs, continua de descendre la
Loire, toujours poursuivie, et toujours cherchant vainement un passage.
Enfin, desesperee, ne sachant ou se porter, elle resolut de fuir vers la
pointe de Bretagne, dans le Morbihan. Elle se rendit a Blain, ou elle
remporta encore un avantage d'arriere-garde; et de Blain a Savenay, d'ou
elle esperait se jeter dans le Morbihan.
Les republicains l'avaient
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