tenir la
campagne en presence d'une armee victorieuse, ils songerent a se rendre en
Bretagne, et a suivre les idees de Bonchamps, lorsque ce jeune heros etait
mort, et ne pouvait plus diriger leurs tristes destinees. On a vu qu'a la
veille de la bataille de Cholet, il envoya un detachement pour faire
occuper le poste de Varade, sur la Loire. Ce poste, mal garde par les
republicains, fut pris dans la nuit du 16 au 17. La bataille perdue, les
Vendeens purent donc impunement traverser le fleuve, a la faveur de
quelques bateaux laisses sur la rive, et a l'abri du canon republicain. Le
danger ayant ete jusqu'ici sur la rive gauche, le gouvernement n'avait pas
songe a defendre la rive droite. Toutes les villes de la Bretagne etaient
mal gardees; quelques detachemens de gardes nationales, epars ca et la,
etaient incapables d'arreter les Vendeens, et ne pouvaient que fuir a leur
approche. Ceux-ci s'avancerent donc sans obstacles, et traverserent
successivement Cande, Chateau-Gonthier et Laval, sans eprouver aucune
resistance.
Pendant ce temps, l'armee republicaine etait incertaine de leur marche, de
leur nombre et de leurs projets. Un moment meme, elle les avait crus
detruits, et les representans l'avaient ecrit a la convention. Kleber seul,
qui commandait toujours l'armee sous le nom de Lechelle, pensait le
contraire, et s'efforcait de moderer une dangereuse securite. Bientot, en
effet, on apprit que les Vendeens etaient loin d'etre extermines; que dans
la colonne fugitive, il restait encore trente ou quarante mille hommes
armes, et capables de combattre. Un conseil de guerre fut aussitot
rassemble; et comme on ne savait pas si les fugitifs se porteraient sur
Angers ou sur Nantes, s'ils marcheraient sur la Bretagne, ou iraient par la
Basse-Loire se reunir a Charette, on decida que l'armee se diviserait;
qu'une partie, sous le general Haxo, irait tenir tete a Charette, et
reprendre Noirmoutiers; qu'une autre partie sous Kleber occuperait le camp
de Saint-George pres de Nantes, et que le reste enfin demeurerait a Angers
pour couvrir cette ville, et observer la marche de l'ennemi. Sans doute, si
l'on eut ete mieux instruit, on aurait compris qu'il fallait rester reunis
en masse, et marcher sans relache a la poursuite des Vendeens. Dans l'etat
de desordre et d'effroi ou ils se trouvaient, il eut ete facile de les
disperser et de les detruire entierement; mais on ne connaissait pas la
direction qu'ils avaient prise, et, dans le do
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