se un scrutin
epuratoire pour tous les jacobins.
Ainsi Robespierre avait frappe d'anatheme le nouveau culte, avait donne une
lecon severe a tous les brouillons, n'avait rien dit de bien rassurant pour
Hebert, ne s'etait pas compromis jusqu'a louer ce sale ecrivain, et avait
fait retomber tout l'orage sur des etrangers qui eurent le malheur d'etre
amis de Lebrun, d'admirer Dumouriez, et de blamer notre systeme politique
dans les pays de conquete. Enfin il s'etait arroge la recomposition de la
societe, en faisant decider qu'il y aurait un scrutin epuratoire.
Pendant les jours suivans, Robespierre poursuit son systeme; il vient lire
aux Jacobins des lettres anonymes, d'autres interceptees, prouvant que
l'etranger, s'il n'est pas l'auteur des extravagances du nouveau culte et
des calomnies a l'egard des meilleurs patriotes, les approuve au moins et
les desire. Danton avait en quelque sorte recu d'Hebert l'invitation de
s'expliquer. Il ne le fait pas d'abord, pour ne pas obeir a une sommation;
mais quinze jours apres, il saisit une circonstance favorable pour prendre
la parole. Il s'agissait de fournir a toutes les societes populaires un
local aux depens de l'etat. Il presente a ce sujet diverses observations,
et en prend occasion de dire que si la constitution doit etre endormie
pendant que le peuple frappe et epouvante les ennemis de ses operations
revolutionnaires, il faut cependant se defier de ceux qui veulent porter ce
meme peuple au-dela des bornes de la revolution. Coupe de l'Oise replique a
Danton, et denature ses idees en les combattant. Danton remonte aussitot a
la tribune, et essuie des murmures. Il somme alors ceux qui ont contre lui
des motifs de defiance de preciser leurs accusations, afin qu'il puisse y
repondre publiquement. Il se plaint de cette defaveur qui se manifeste en
sa presence. "Ai-je donc perdu, s'ecrie-t-il, ces traits qui caracterisent
la figure d'un homme libre?" Et en proferant ces mots, il agitait cette
tete qu'on avait tant vue, tant rencontree dans les orages de la
revolution, et qui avait toujours soutenu l'audace des republicains et jete
la terreur chez les aristocrates. "Ne suis-je plus, ajoute-t-il, ce meme
homme qui s'est trouve a vos cotes dans tous les momens de crise? Ne
suis-je plus cet homme tant persecute, tant connu de vous; cet homme que
vous avez si souvent embrasse comme votre ami, et avec lequel vous avez
fait le serment de mourir dans les memes perils?" Il rappelle alors q
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