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fut le defenseur de Marat, et il est ainsi oblige de se couvrir de l'ombre
de cet etre, qu'il avait autrefois protege et dedaigne. "Vous serez
etonnes, dit-il, quand je vous ferai connaitre ma conduite privee, de voir
que la fortune colossale que mes ennemis et les votres m'ont pretee, se
reduit a la petite portion de bien que j'ai toujours eue. Je defie les
malveillans de fournir aucune preuve contre moi. Tous leurs efforts ne
pourront m'ebranler. Je veux rester debout en face du peuple, vous me
jugerez en sa presence. Je ne dechirerai pas plus la page de mon histoire
que vous ne dechirerez la votre...." Danton demande, en finissant, une
commission, pour examiner les accusations portees contre lui. Robespierre
s'elance alors a la tribune avec un empressement extreme. "Danton,
s'ecrie-t-il, vous demande une commission pour examiner sa conduite; j'y
consens, s'il pense que cette mesure lui soit utile. Il veut qu'on precise
les griefs portes contre lui; eh bien! je vais le faire. Danton, tu es
accuse d'avoir emigre. On a dit que tu avais passe en Suisse; que ta
maladie etait feinte pour cacher au peuple ta fuite; on a dit que ton
ambition etait d'etre regent sous Louis XVII; qu'a une epoque determinee
tout a ete prepare pour proclamer ce rejeton des Capets; que tu etais le
chef de la conspiration; que ni Pitt, ni Cobourg, ni l'Angleterre, ni
l'Autriche, ni la Prusse, n'etaient nos veritables ennemis, mais que
c'etait toi seul; que la Montagne etait composee de tes complices; qu'il ne
fallait pas s'occuper des agens envoyes par les puissances etrangeres; que
leurs conspirations etaient des fables dignes de mepris; en un mot, qu'il
fallait t'egorger toi, toi seul!..." Des applaudissemens universels
couvrent la voix de Robespierre. Il reprend: "Ne sais-tu pas, Danton, que
plus un homme a de courage et de patriotisme, plus les ennemis de la chose
publique s'attachent a sa perte? Ne sais-tu pas, et ne savez-vous pas
tous, citoyens, que cette methode est infaillible? Eh! si le defenseur de
la liberte n'etait pas calomnie, ce serait une preuve que nous n'aurions
plus ni nobles, ni pretres a combattre!" Faisant alors allusion aux
feuilles d'Hebert, ou lui, Robespierre, etait fort loue, il ajoute: "Les
ennemis de la patrie semblent m'accabler de louanges exclusivement. Mais je
les repudie. Croit-on qu'a cote de ces eloges que l'on repete dans
certaines feuilles, je ne voie pas le couteau avec lequel on a voulu
egorger la patrie
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