is il s'en
presentait un autre plus convenable aux circonstances, et qui devait a voir
des resultats plus prompts.
Dans le conseil de guerre se trouvait un jeune officier, qui commandait
l'artillerie en l'absence du chef de cette arme. Il se nommait Bonaparte,
et etait originaire de Corse. Fidele a la France, au sein de laquelle il
avait ete eleve, il s'etait battu en Corse pour la cause de la convention
contre Paoli et les Anglais; il s'etait rendu ensuite a l'armee d'Italie,
et servait devant Toulon. Il montrait une grande intelligence, une extreme
activite, et couchait a cote de ses canons. Ce jeune officier, a l'aspect
de la place, fut frappe d'une idee, et la proposa au conseil de guerre. Le
fort l'Eguillette, surnomme _le petit Gibraltar_, fermait la rade ou
mouillaient les escadres coalisees. Ce fort occupe, les escadres ne
pouvaient plus mouiller dans la rade, sans s'exposer a y etre brulees:
elles ne pouvaient pas non plus l'evacuer en y laissant une garnison de
quinze mille hommes, sans communications, sans secours, et tot ou tard
exposee a mettre bas les armes: il etait donc infiniment presumable que le
fort l'Eguillette une fois en la possession des republicains, les escadres
et la garnison evacueraient ensemble Toulon. Ainsi, la clef de la place
etait au fort l'Eguillette; mais ce fort etait presque imprenable. Le jeune
Bonaparte soutint fortement son idee comme plus appropriee aux
circonstances, et reussit a la faire adopter.
On commenca par serrer la place. Bonaparte, a la faveur de quelques
oliviers qui cachaient ses artilleurs, fit placer une batterie tres pres du
fort Malbosquet, l'un des plus importans parmi ceux qui environnaient
Toulon. Un matin, cette batterie eclata a l'improviste, et surprit les
assieges, qui ne croyaient pas qu'on put etablir des feux aussi pres du
fort. Le general anglais O'Hara, qui commandait la garnison, resolut de
faire une sortie pour detruire la batterie, et enclouer les canons. Le 30
novembre (10 frimaire), il sortit a la tete de six mille hommes, penetra
soudainement a travers les postes republicains, s'empara de la batterie,
et commenca aussitot a enclouer les pieces. Heureusement, le jeune
Bonaparte se trouvait non loin de la avec un bataillon. Un boyau conduisait
a la batterie. Bonaparte s'y jeta avec son bataillon, se porta sans bruit
au milieu des Anglais, puis tout a coup ordonna le feu, et les jeta, par
cette subite apparition, dans la plus grande surprise. Le
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