criant: _Voici les republicains!_ La terreur alors s'empare de cette
multitude; elle se precipite, se mele, et, pressee de fuir, elle abandonne
ses depouilles aux brigands auteurs de ce stratageme.
Enfin les republicains entrerent, et trouverent la ville a moitie deserte,
et une grande partie du materiel de la marine detruit. Heureusement les
forcats avaient arrete l'incendie et empeche qu'il ne se propageat. De 56
vaisseaux ou fregates, il ne restait que 7 vaisseaux et 11 fregates; le
reste avait ete pris ou brule par les Anglais. Bientot, aux horreurs du
siege et de l'evacuation, succederent celles de la vengeance
revolutionnaire. Nous raconterons plus tard la suite des desastres de cette
cite coupable et malheureuse. La prise de Toulon causa une joie
extraordinaire, et produisit autant d'impression que les victoires de
Watignies, la prise de Lyon, et le deblocus de Landau. Des lors on n'avait
plus a craindre que les Anglais, s'appuyant sur Toulon, vinssent apporter
dans le Midi le ravage et la revolte.
La campagne s'etait terminee moins heureusement aux Pyrenees. Cependant,
malgre de nombreux revers et une grande imperitie de la part des generaux,
nous n'avions perdu que la ligne du Tech, et celle de la Tet nous etait
restee. Apres le combat malheureux de Truillas, livre le 22 septembre (1er
vendemiaire) contre le camp espagnol, et ou Dagobert avait montre tant de
bravoure et de sang-froid, Ricardos, au lieu de marcher en avant, avait
retrograde au contraire sur le Tech. La reprise de Villefranche, et un
renfort de quinze mille hommes arrive aux republicains, l'avaient decide a
ce mouvement retrograde. Apres avoir leve le blocus de Collioure et de
Port-Vendre, il s'etait porte au camp de Boulou, entre Ceret et
Ville-Longue, et veillait de la a ses communications en gardant la grande
route de Bellegarde. Les representans Fabre et Gaston, pleins de fougue,
voulurent faire attaquer le camp des Espagnols, afin de les rejeter au-dela
des Pyrenees; mais l'attaque fut infructueuse et n'aboutit qu'a une inutile
effusion de sang.
Le representant Fabre, impatient de tenter une entreprise importante,
revait depuis long-temps une marche au-dela des Pyrenees, pour forcer les
Espagnols a retrograder. On lui avait persuade que le fort de Roses pouvait
etre enleve par un coup de main. D'apres son voeu, et malgre l'avis
contraire des generaux, trois colonnes furent jetees au-dela des Pyrenees,
pour se reunir a Espola. Mais trop
|