d le vieillard, c'est de froid." Apres plusieurs heures de cette
torture, on lui brule sous le nez le drapeau rouge; le bourreau s'empare de
lui enfin, et on nous enleve encore un savant illustre, et l'un des hommes
les plus vertueux qui aient honore notre patrie.
Depuis ces temps ou Tacite la vit applaudir aux crimes des empereurs, la
vile populace n'a pas change. Toujours brusque en ses mouvemens, tantot
elle eleve l'autel de la patrie, tantot elle dresse des echafauds, et n'est
belle et noble a voir que lorsque, entrainee dans les armees, elle se
precipite sur les bataillons ennemis. Que le despotisme n'impute pas ses
crimes a la liberte; car, sous le despotisme, elle fut toujours aussi
coupable que sous la republique; mais invoquons sans cesse les lumieres et
l'instruction pour ces barbares, pullulant au fond des societes, et
toujours prets a les souiller de tous les crimes, a l'appel de tous les
pouvoirs, et pour le deshonneur de toutes les causes.
Le 25 novembre, eut encore lieu la mort du malheureux Manuel, qui etait
devenu de procureur de la commune, depute a la convention, et qui donna sa
demission lors du proces de Louis XVI, parce qu'on l'accusait d'avoir
derobe le scrutin. Au tribunal, on lui reprocha d'avoir favorise les
massacres de septembre pour soulever les departemens contre Paris. C'est
Fouquier-Tinville qui etait charge d'imaginer ces perfides calomnies, plus
atroces encore que la condamnation. Ce meme jour, fut condamne le
malheureux general Brunet, pour n'avoir pas envoye une partie de son armee
de Nice devant Toulon; et le lendemain 26, la mort fut prononcee contre le
victorieux Houchard, pour n'avoir pas compris le plan qui lui fut trace, et
ne s'etre pas rapidement porte sur la chaussee de Furnes, de maniere a
prendre toute l'armee anglaise. Sa faute etait criante, mais ne meritait
pas la mort.
Ces executions commencaient a repandre une terreur generale, et a rendre
l'autorite formidable. L'effroi n'etait pas seulement dans les prisons,
dans la salle du tribunal revolutionnaire, a la place de la Revolution; il
regnait partout, dans les marches, dans les boutiques, ou le _maximum_ et
les lois contre l'accaparement venaient d'etre mis en vigueur. On a deja vu
comment le discredit des assignats et le rencherissement des denrees
avaient conduit a decreter le _maximum_, dans le but de remettre en rapport
les denrees et la monnaie. Les premiers effets de ce _maximum_ furent des
plus malheureux, et
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