de sa
liquidation, ce qui pouvait prolonger pour long-temps encore sa duree. La
somme devait etre partagee entre Delaunay, Julien de Toulouse, Chabot, et
Bazire, que son ami Chabot avait mis au fait de l'intrigue, mais qui refusa
d'y prendre part. Delaunay presenta le decret de suppression le 17
vendemiaire. Il proposait de supprimer la compagnie, de l'obliger a
restituer les sommes qu'elle devait a l'etat, et surtout de lui faire
payer le droit sur les transferts, qu'elle etait parvenue a eluder en
transformant ses actions en inscriptions sur ses livres. Il proposait enfin
de lui laisser a elle-meme le soin de sa liquidation. Fabre d'Eglantine,
qui n'etait pas encore dans le secret, et qui speculait, a ce qu'il parait,
en sens contraire, s'eleva aussitot contre ce projet, en disant que
permettre a la compagnie de se liquider elle-meme, c'etait l'eterniser, et
que sous ce pretexte elle demeurerait indefiniment en exercice. Il
conseilla donc de transporter au gouvernement le soin de cette liquidation.
Cambon demanda, par un sous-amendement, que l'etat, en faisant la
liquidation, ne restat pas charge des dettes, si le passif de la compagnie
excedait son actif. Le decret et les deux amendemens furent adoptes, et on
les renvoya a la commission, pour en arreter la redaction definitive.
Aussitot les membres du complot penserent qu'il fallait s'emparer de Fabre
pour obtenir, au moyen de la redaction, quelques modifications au decret.
Chabot fut depeche a Fabre avec cent mille francs, et parvint a le gagner.
Voici alors ce qui fut fait: on redigea le decret tel qu'il avait ete
adopte par la convention, et on le donna a signer a Cambon et aux membres
de la commission qui n'etaient pas complices du projet. Ensuite on ajouta a
cette copie authentique quelques mots qui en alteraient tout a fait le
sens. A l'article des transferts qui avaient echappe au droit, et qui
devaient le supporter, on ajouta ces mots: _Excepte ceux faits en fraude_,
ce qui faisait revivre toutes les pretentions de la compagnie a l'egard de
l'exemption du droit. A propos de la liquidation, il fut encore ajoute ces
mots: _D'apres les statuts et reglemens de la compagnie_, ce qui donnait
entree a celle-ci dans la liquidation. Ces mots intercales changeaient
gravement le dispositif du decret. Chabot, Fabre, Delaunay, Julien de
Toulouse, signerent ensuite, et remirent la copie falsifiee a la commission
de l'envoi des lois, qui la fit imprimer et promulguer comme dec
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