mourir aupres
de son epoux plutot que de fuir. Manuel, malgre ses hostilites avec la cour
pendant la legislative declara ne pouvoir rien dire contre l'accusee.
Quand le venerable Bailly fut amene, Bailly qui autrefois avait si souvent
predit a la cour les maux qu'entraineraient ses imprudences, il parut
douloureusement affecte; et comme on lui demandait s'il connaissait la
femme Capet: "Oui, dit-il en s'inclinant avec respect, oui, j'ai connu
_madame_." Il declara ne rien savoir, et soutint que les declarations
arrachees au jeune prince, relativement au voyage a Varennes, etaient
fausses. En recompense de sa deposition, il recut des reproches outrageans,
et put juger du sort qui lui etait bientot reserve. Il n'y eut dans
l'instruction que deux faits graves, attestes par Latour-du-Pin et Valaze,
qui ne deposerent que parce qu'ils ne pouvaient pas s'en dispenser.
Latour-du-Pin avoua que Marie-Antoinette lui avait demande un etat exact
des armees pendant qu'il etait ministre de la guerre. Valaze, toujours
froid, mais respectueux pour le malheur, ne voulut rien dire a la charge de
l'accusee; cependant il ne put s'empecher de declarer que, membre de la
commission des vingt-quatre, et charge avec ses collegues de verifier les
papiers trouves chez Septeuil, tresorier de la liste civile, il avait vu
des bons pour diverses sommes, signes _Antoinette_, ce qui etait fort
naturel; mais il ajouta qu'il avait vu une lettre ou le ministre priait le
roi de transmettre a la reine la copie d'un plan de campagne qu'il avait
entre ses mains. Ces deux faits, la demande de l'etat des armees et la
communication du plan de campagne, furent interpretes sur-le-champ d'une
maniere funeste, et on en conclut que c'etait pour les envoyer a l'ennemi;
car on ne supposait pas qu'une jeune princesse s'occupat, seulement par
gout, d'administration et de plans militaires. Apres ces depositions, on en
recueillit plusieurs autres sur les depenses de la cour, sur l'influence de
la reine dans les affaires, sur la scene du 10 aout, sur ce qui se passait
au Temple; et les bruits les plus vagues, les circonstances les plus
insignifiantes, furent accueillis comme des preuves.
[Illustration: LA REINE A LA CONCIERGERIE.]
Marie-Antoinette repeta souvent avec presence d'esprit et avec force, qu'il
n'y avait aucun fait precis contre elle; que d'ailleurs, epouse de Louis
XVI, elle ne repondait d'aucun des actes du regne. Fouquier neanmoins la
declara suffisamment co
|