es etaient
devenues plus rigoureuses. Pres des frontieres et dans tous les departemens
suspects de royalisme ou de federalisme, ces commissaires avaient fait
lever la population en masse; ils avaient mis toutes choses en requisition,
frappe les riches de taxes revolutionnaires, en outre de la taxe generale
resultant de l'emprunt force; ils avaient accelere l'emprisonnement des
suspects, et quelquefois enfin ils les avaient fait juger par des
commissions revolutionnaires, instituees par eux. Laplanche, envoye dans le
departement du Cher, disait, le 29 vendemiaire, aux Jacobins: "Partout j'ai
mis la terreur a l'ordre du jour; partout j'ai impose des contributions sur
les riches et les aristocrates. Orleans m'a fourni cinquante mille livres,
et deux jours m'ont suffi a Bourges pour une levee de deux millions. Ne
pouvant etre partout, mes delegues m'ont supplee: un individu nomme Mamin,
riche de sept millions, et taxe par l'un d'eux a quarante mille livres,
s'est plaint a la convention, qui a applaudi a ma conduite; et s'il eut ete
impose par moi-meme, il eut paye deux millions. J'ai fait rendre, a
Orleans, un compte public a mes delegues; c'est au sein de la societe
populaire qu'ils l'ont rendu, et ce compte a ete sanctionne par le peuple.
Partout j'ai fait fondre les cloches, et reuni plusieurs paroisses. J'ai
destitue tous les federalistes, renferme les gens suspects, mis les
sans-culottes en force. Des pretres avaient toutes leurs commodites dans
les maisons de reclusion; les sans-culottes couchaient sur la paille dans
les prisons; les premiers m'ont fourni des matelas pour les derniers.
Partout j'ai fait marier les pretres. Partout j'ai electrise les coeurs et
les esprits. J'ai organise des manufactures d'armes, visite les ateliers,
les hopitaux, les prisons. J'ai fait partir plusieurs bataillons de la
levee en masse. J'ai passe en revue quantite de gardes nationales pour les
republicaniser, et j'ai fait guillotiner plusieurs royalistes. Enfin, j'ai
suivi mon mandat imperatif. J'ai agi partout en chaud montagnard, en
representant revolutionnaire."
C'est surtout dans les trois principales villes federalistes, Lyon,
Marseille et Bordeaux, que les representans venaient d'imprimer une
profonde terreur. Le formidable decret rendu contre Lyon portait que les
rebelles et leurs complices seraient militairement juges par une
commission, que les sans-culottes seraient nourris aux depens des
aristocrates, que les maisons des rich
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