tronee. Il pretendait que
la famille du tyran ne devait pas etre mieux traitee qu'une famille
sans-culotte; et il avait fait rendre un arrete qui supprimait l'espece de
luxe avec lequel on avait nourri jusque-la les prisonniers du Temple. On
interdisait aux detenues la volaille et la patisserie; on les reduisait a
une seule espece d'aliment a dejeuner; a un potage, a un bouilli et un plat
quelconque a diner; a deux plats a souper, et une demi-bouteille de vin par
tete. La bougie etait remplacee par la chandelle, l'argenterie par l'etain,
et la porcelaine par la faience. Les porteurs d'eau ou de bois pouvaient
seuls entrer dans leur chambre, accompagnes de deux commissaires. Les
alimens ne leur parvenaient qu'au moyen d'un tour. Le nombreux domestique
etait reduit a un cuisinier, un aide, deux servans, et une femme de charge
pour le linge.
Immediatement apres cet arrete, Hebert s'etait rendu au Temple, et avait
inhumainement arrache aux deux infortunees prisonnieres jusqu'a de petits
meubles auxquels elles tenaient beaucoup. Quatre-vingts louis que madame
Elisabeth avait en reserve, et qu'elle avait recus de madame de Lamballe,
lui furent enleves. Nul n'est plus dangereux, plus cruel que l'homme sans
lumieres et sans education, revetu d'une autorite recente. S'il a, surtout,
une ame vile; si, comme Hebert, qui distribuait des contre-marques a la
porte d'un theatre, et volait sur les recettes, il est sans moralite
naturelle, et s'il arrive tout a coup de la fange de sa condition au
pouvoir, il se montrera aussi bas qu'atroce. Tel fut Hebert dans sa
conduite au Temple. Il ne se borna pas aux vexations que nous venons de
rapporter; lui et quelques autres imaginerent de separer le jeune prince de
sa tante et de sa soeur. Un cordonnier, nomme Simon, et sa femme, furent
les instituteurs auxquels on crut devoir le confier pour lui donner
l'education des sans-culottes. Simon et sa femme s'enfermerent au Temple,
et devenant prisonniers avec le malheureux enfant, se chargerent de le
soigner a leur maniere. Leur nourriture etait meilleure que celle des
princesses, et ils partageaient la table des commissaires municipaux qui
etaient de garde. Simon pouvait, accompagne de deux commissaires, descendre
dans la cour du Temple avec le jeune prince, afin de lui procurer un peu
d'exercice.
Hebert concut la pensee infame d'arracher a cet enfant des revelations
contre sa malheureuse mere. Soit que ce miserable pretat a l'enfant de
fausses
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