s par les Prussiens, perdit Francfort,
fut rejete sur Mayence, resta incertain s'il garderait cette place ou non,
y jeta quelque artillerie prise a Strasbourg, n'y donna que tres tard
l'ordre de l'approvisionner, fut encore une fois surpris au milieu de ces
incertitudes par les Prussiens, s'eloigna de Mayence, et saisi de terreur,
se croyant poursuivi par cent cinquante mille hommes, se retira dans la
Haute-Alsace, presque sous le canon de Strasbourg. Place sur le Haut-Rhin
avec une armee assez considerable, il aurait pu marcher sur Mayence, et
mettre les assiegeans entre deux feux, mais il ne l'osa jamais; enfin,
honteux de son inaction, il livra une attaque malheureuse le 15 mai, fut
battu, et se rendit a regret a l'armee du Nord, ou il acheva de se perdre
par des propos moderes et par un conseil tres sage, celui de laisser
l'armee se reorganiser dans le camp de Cesar, au lieu de la faire battre
inutilement pour secourir Valenciennes. Telle fut la carriere de Custine.
Il y avait la beaucoup de fautes, mais pas une trahison. On commenca son
proces, et on appela, pour deposer, des representans envoyes en mission,
des agens du pouvoir executif, ennemis opiniatres des generaux, des
officiers mecontens, des membres des clubs de Strasbourg, de Mayence et de
Cambrai, enfin le terrible Vincent, tyran des bureaux de la guerre sous
Bouchotte. C'etait une cohue d'accusateurs accumulant des reproches
injustes et contradictoires, des reproches tout a fait etrangers a une
veritable critique militaire, mais fondes sur des malheurs accidentels,
dont le general n'etait pas coupable, et qu'on ne pouvait pas lui imputer.
Custine repondait avec une certaine vehemence militaire a toutes ces
accusations, mais il etait accable. Des jacobins de Strasbourg lui disaient
qu'il n'avait pas voulu prendre les gorges de Porentruy, lorsque Lukner lui
en donnait l'ordre; et il prouvait inutilement que c'etait impossible. Un
Allemand lui reprochait de n'avoir pas pris Manheim, qu'il lui offrait.
Custine s'excusait en alleguant la neutralite de l'electeur et les
difficultes du projet. Les habitans de Coblentz, de Rhinfelds, de
Darmstadt, de Hanau, de toutes les villes qui avaient voulu se livrer a
lui, et qu'il n'avait pas consenti a occuper, l'accusaient a la fois. Quant
au refus de marcher sur Coblentz, il se defendait mal, et calomniait
Kellermann, qui, disait-il, avait refuse de le seconder; quant au refus de
prendre les autres places, il disait avec
|