la vallee de Sallenche, et
se porta vers Conflans, a l'issue des deux vallees de la Tarentaise et de
la Maurienne. C'etait vers le 10 septembre. Dans ce moment, l'ordre de
marcher en avant arrivait au duc de Montferrat. Mais Kellermann prevint les
Piemontais, osa les attaquer dans la position d'Espierre qu'ils avaient
prise sur la chaine du Grand-Loup, afin de communiquer entre les deux
vallees. Ne pouvant aborder cette position de front, il la fit tourner par
un corps detache. Ce corps, forme de soldats a moitie nus, fit pourtant des
efforts heroiques, et, a force de bras, eleva les canons sur des hauteurs
presque inaccessibles. Tout a coup l'artillerie francaise tonna inopinement
sur la tete des Piemontais, qui en furent epouvantes; Gordon se retira
aussitot dans la vallee de Maurienne sur Saint-Michel; le duc de Montferrat
se reporta au milieu de la vallee de la Tarentaise. Kellermann, ayant fait
inquieter celui-ci sur ses flancs, l'obligea bientot a remonter jusqu'a
Saint-Maurice et a Saint-Germain, et enfin il le rejeta, le 4 octobre,
au-dela des Alpes. Ainsi la campagne courte et heureuse qu'auraient pu
faire les Piemontais en debouchant avec une masse double, et en descendant
par une seule vallee sur Chambery et Lyon, manqua ici par les memes raisons
qui avaient fait manquer toutes les tentatives des coalises, et qui avaient
sauve la France.
Pendant que les Sardes etaient repousses au-dela des Alpes, les trois
deputes envoyes dans le Puy-de-Dome pour y determiner une levee en masse,
soulevaient les campagnes en prechant une espece de croisade, et en
persuadant que Lyon, loin de defendre la cause republicaine, etait le
rendez-vous des factions de l'emigration et de l'etranger. Le paralytique
Couthon, plein d'une activite que ses infirmites ne pouvaient ralentir,
excita un mouvement general; il fit partir d'abord Maignet et Chateauneuf
avec une premiere colonne de douze mille hommes, et resta en arriere pour
en amener encore une de vingt-cinq mille, et pour faire les requisitions de
vivres necessaires. Dubois-Crance placa les nouvelles levees du cote de
l'ouest vers Sainte-Foy, et completa ainsi le blocus. Il recut en meme
temps un detachement de la garnison de Valenciennes, qui, d'apres les
traites, ne pouvait, comme celle de Mayence, servir que dans l'interieur;
il placa des detachemens de troupes reglees en avant des troupes de
requisitions, de maniere a former de bonnes tetes de colonnes. Son armee
pouvait se c
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