es, la convention avait ordonne aux representans Couthon, Maignet et
Chateauneuf-Randon, de se rendre en Auvergne et dans les departemens
environnans, pour y determiner une levee eu masse, et Kellermann courait
dans les vallees des Alpes au devant des Piemontais.
Une belle occasion s'offrait encore ici aux Piemontais d'effectuer une
tentative hardie et grande, qui n'aurait pu manquer d'etre heureuse:
c'etait de reunir leurs principales forces sur le petit Saint-Bernard, et
de deboucher sur Lyon avec cinquante mille hommes. On sait que les trois
vallees de Sallenche, de la Tarentaise et de la Maurienne, adjacentes l'une
a l'autre, tournent sur elles-memes comme une espece de spirale, et que,
partant du petit Saint-Bernard, elles s'ouvrent sur Geneve, Chambery, Lyon
et Grenoble. De petits corps francais etaient eparpilles dans ces vallees.
Descendre rapidement par l'une d'elles, et venir se placer a leur
ouverture, etait un moyen assure, d'apres tous les principes de l'art, de
faire tomber les detachemens engages dans les montagnes, et de leur faire
mettre bas les armes. On devait peu craindre l'attachement des Savoyards
pour les Francais; car les assignats et les requisitions ne leur avaient
encore fait connaitre de la liberte que ses depenses et ses rigueurs. Le
duc de Montferrat, charge de l'expedition, ne prit avec lui que vingt a
vingt-cinq mille hommes, jeta un corps a sa droite, dans la vallee de
Sallenche, descendit avec son corps principal dans la Tarentaise, et laissa
le general Gordon parcourir la Maurienne avec l'aile gauche. Son mouvement,
commence le 14 aout, dura jusqu'en septembre, tant il y mit de lenteur. Les
Francais, quoique tres inferieurs eu nombre, opposerent une resistance
energique, et firent durer la retraite pendant dix-huit jours. Arrive a
Moustier, le duc de Montferrat chercha a se lier avec Gordon, sur la chaine
du Grand-Loup, qui separe les deux vallees de la Tarentaise et de la
Maurienne, et ne songea nullement a marcher rapidement sur Conflans, point
de reunion des vallees. Cette lenteur et ses vingt-cinq mille hommes
prouvent assez s'il avait envie d'aller a Lyon.
Pendant ce temps, Kellermann, accouru de Grenoble, avait fait lever les
gardes nationales de l'Isere et des departemens environnans. Il avait
ranime les Savoyards qui commencaient a craindre les vengeances du
gouvernement piemontais, et il etait parvenu a reunir a peu pres douze
mille hommes. Alors il fit renforcer le corps de
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