qui, ne voulant pas partager
l'inaction des troupes de Chalbos, avait pris un corps de cavalerie, et
courait, a bride abattue, sur les fuyards. Apres avoir poursuivi l'ennemi
fort long-temps, Beaupuy et Westermann s'arretent, et songent a faire
reposer leurs troupes. Cependant, disent-ils, nous trouverons plutot du
pain a Beaupreau qu'a Cholet, et ils osent marcher sur Beaupreau, ou l'on
supposait que les Vendeens s'etaient retires en masse. Mais la fuite avait
ete si rapide, qu'une partie se trouvait deja a Saint-Florent, sur les
bords de la Loire. Le reste, a l'approche des republicains, evacue
Beaupreau en desordre, et leur cede ce poste ou ils auraient pu se
defendre.
Le lendemain matin, 18, l'armee entiere marche de Cholet vers Beaupreau.
Les avant-gardes de Beaupuy, placees sur la route de Saint-Florent, voient
un grand nombre d'individus accourir en criant: _Vive la republique, vive
Bonchamps!_ On les interroge, et ils repondent en proclamant Bonchamps
comme leur liberateur. En effet, ce jeune heros, etendu sur un matelas, et
pres d'expirer d'un coup de feu dans le bas-ventre, avait demande et obtenu
la grace de quatre mille prisonniers que les Vendeens trainaient a leur
suite, et qu'ils voulaient fusiller; les prisonniers rejoignaient l'armee
republicaine.
[Illustration: MORT DE BONCHAMP.]
Dans ce moment, quatre-vingt mille individus, femmes, enfans, vieillards,
hommes armes, etaient au bord de la Loire, avec les debris de ce qu'ils
possedaient, et se disputaient une vingtaine de barques pour passer a
l'autre bord. Le conseil superieur, compose des chefs qui etaient
capables encore d'opiner, deliberait s'il fallait se separer ou porter la
guerre en Bretagne. Quelques-uns auraient voulu qu'on se dispersat dans la
Vendee, et qu'on s'y cachat en attendant des temps meilleurs: La
Rochejaquelein etait du nombre, et il conseillait de se faire tuer sur la
rive gauche plutot que de passer sur la rive droite. Cependant l'avis
contraire prevalut, et on se decida a rester reunis et a passer outre. Mais
Bonchamps venait d'expirer, et personne n'etait capable d'accomplir les
projets qu'il avait formes sur la Bretagne. D'Elbee, mourant, etait envoye
a Noirmoutiers; Lescure, blesse a mort, etait transporte sur un brancard.
Quatre-vingt mille individus quittaient leurs champs, allaient porter le
ravage dans les champs voisins, et y chercher l'extermination, pour quel
but, grand Dieu! pour une cause absurde et de toutes par
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