la France etait declare _revolutionnaire_
jusqu'a la paix; ce qui signifiait que la constitution etait momentanement
suspendue, et qu'une dictature extraordinaire etait instituee jusqu'a
l'expiration de tous les dangers. Cette dictature etait conferee a la
convention et au comite de salut public. "Le conseil executif, disait le
decret, les ministres, les generaux, les corps constitues, sont places sous
la surveillance du comite de salut public, qui en rendra compte tous les
huit jours a la convention." Nous avons deja explique comment la
surveillance se changeait en autorite supreme, parce que les ministres, les
generaux, les fonctionnaires, obliges de soumettre leurs operations au
comite, avaient fini par ne plus oser agir de leur propre mouvement, et par
attendre tous les ordres du comite lui-meme. On disait ensuite: "Les lois
revolutionnaires doivent etre executees rapidement. L'inertie du
gouvernement etant la cause des revers, les delais pour l'execution de ces
lois seront fixes. La violation des delais sera punie comme un attentat a
la liberte." Des mesures sur les subsistances etaient ajoutees a ces
mesures de gouvernement, car le pain est le droit du peuple, avait dit
Saint-Just. Le tableau general des subsistances, definitivement acheve,
devait etre envoye a toutes les autorites. Le necessaire des departemens
devait etre approximativement evalue, et garanti; quant au superflu de
chacun d'eux, il etait soumis aux requisitions, soit pour les armees, soit
pour les provinces qui n'avaient pas le necessaire. Ces requisitions
etaient reglees par une commission des subsistances. Paris devait etre
comme une place de guerre approvisionnee pour un an, a l'epoque du 1er mars
suivant. Enfin, on decretait qu'il serait institue un tribunal, pour
verifier la conduite et la fortune de tous ceux qui avaient manie les
deniers publics.
Par cette grande et importante declaration, le gouvernement, compose du
comite de salut public, du comite de surete generale, du tribunal
extraordinaire, se trouvait complete et maintenu pendant la duree du
danger. C'etait declarer la revolution en etat de siege, et lui appliquer
les lois extraordinaires de cet etat, pendant tout le temps qu'il durerait.
On ajouta a ce gouvernement extraordinaire diverses institutions reclamees
depuis long-temps, et devenues inevitables. On demandait une armee
revolutionnaire, c'est-a-dire une force chargee specialement de faire
executer les ordres du gouvernement
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