aux Jacobins, et usa de son ascendant sur eux: il developpa la
conduite du comite, il le justifia des doubles attaques des moderes et des
exageres, et fit sentir le danger des petitions tendant a demander la
formation du ministere constitutionnel. "Il faut, dit-il, qu'un
gouvernement quelconque succede a celui que nous avons detruit; le systeme
d'organiser en ce moment le ministere constitutionnel n'est autre chose que
celui de chasser la convention elle-meme, et de decomposer le pouvoir en
presence des armees ennemies. Pitt peut seul etre l'auteur de cette idee.
Ses agens l'ont propagee, ils ont seduit les patriotes de bonne foi; et le
peuple credule et souffrant, toujours enclin a se plaindre du gouvernement,
qui ne peut remedier a tous ses maux, est devenu l'echo fidele de leurs
calomnies et de leurs propositions. Vous, jacobins, s'ecrie Robespierre,
trop sinceres pour etre gagnes, trop eclaires pour etre seduits, vous
defendrez la Montagne qu'on attaque; vous soutiendrez le comite de salut
public qu'on veut calomnier pour vous perdre, et c'est ainsi qu'avec vous
il triomphera de toutes les menees des ennemis du peuple."
Robespierre fut applaudi, et tout le comite dans sa personne. Les
cordeliers furent ramenes a l'ordre, leur petition oubliee; et l'attaque de
Vincent, repoussee victorieusement, n'eut aucune consequence.
Cependant il devenait urgent de prendre un parti a l'egard de la nouvelle
constitution. Ceder la place a de nouveaux revolutionnaires, equivoques,
inconnus, probablement divises parce qu'ils seraient issus de toutes les
factions vivant au-dessous de la convention, etait dangereux. Il fallait
donc declarer a tous les partis qu'on allait s'emparer du pouvoir, et
qu'avant d'abandonner la republique a elle meme, et a l'action des lois
qu'on lui avait donnees, on la gouvernerait revolutionnairement, jusqu'a ce
qu'elle fut sauvee. De nombreuses petitions avaient deja engage la
convention a rester a son poste. Le 10 octobre, Saint-Just, portant la
parole au nom du comite de salut public, proposa de nouvelles mesures de
gouvernement. Il fit le tableau le plus triste de la France; il chargea ce
tableau des sombres couleurs de son imagination melancolique; et, avec le
secours de son grand talent, et de faits d'ailleurs tres vrais, il
produisit une espece de terreur dans les esprits. Il presenta donc et fit
adopter un decret qui renfermait les dispositions suivantes. Par le premier
article, le gouvernement de
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