dans l'interieur. Elle etait decretee
depuis long-temps; elle fut enfin organisee par un nouveau decret[1]. On la
composa de six mille hommes et de douze cents canonniers. Elle devait se
deplacer, et se rendre de Paris dans les villes ou sa presence serait
necessaire, et y demeurer en garnison aux depens des habitans les plus
riches. Les cordeliers en voulaient une par departement; mais on s'y opposa
en disant que ce serait revenir au federalisme que de donner a chaque
departement une force individuelle. Les memes cordeliers demandaient en
outre qu'on fit suivre les detachemens de l'armee revolutionnaire d'une
guillotine portee sur des roues. Toutes les idees surgissent dans l'esprit
du peuple quand il se donne carriere. La convention repoussa toutes ces
demandes, et s'en tint a son decret. Bouchotte, charge de composer cette
armee, la recruta dans tout ce que Paris renfermait de gens sans aveu, et
prets a se faire les satellites du pouvoir dominant. Il remplit
l'etat-major de jacobins, mais surtout de cordeliers; il arracha Ronsin a
la Vendee et a Rossignol, pour le mettre a la tete de cette armee
revolutionnaire. Il soumit la liste de cet etat-major aux jacobins, et fit
subir a chaque officier l'epreuve du scrutin. Aucun d'eux, en effet, ne fut
confirme par le ministre sans avoir ete approuve par la societe.
A l'institution de l'armee revolutionnaire, on ajouta enfin la loi des
suspects, si souvent demandee, et resolue en principe le meme jour que la
levee en masse. Le tribunal extraordinaire, quoique organise de maniere a
frapper sur de simples probabilites, ne rassurait pas assez l'imagination
revolutionnaire. On souhaitait pouvoir enfermer ceux qu'on ne pourrait pas
envoyer a la mort, et on demandait des dispositions qui permissent de
s'assurer de leurs personnes. Le decret qui mettait les aristocrates hors
la loi etait trop vague, et exigeait un jugement. On voulait que sur la
simple denonciation des comites revolutionnaires, un individu declare
suspect put etre sur-le-champ jete en prison. On decreta, en effet,
l'arrestation provisoire, jusqu'a la paix, de tous les individus
suspects[2]. Etaient consideres comme tels: 1 ceux qui, soit par leur
conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs ecrits,
s'etaient montres partisans de la tyrannie du federalisme, et ennemis de la
liberte; 2 ceux qui ne pourraient pas justifier de la maniere prescrite
par la loi du 20 mars dernier, de leurs moyens d'exi
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