uissante influence, et Carnot sa science
militaire. La convention voulut adjoindre a Robespierre Danton, son
collegue et son rival en renommee; mais celui-ci, fatigue de travaux, peu
propre a des details d'administration, degoute d'ailleurs par les calomnies
des partis, ne voulait plus etre d'aucun comite. Il avait deja bien assez
fait pour la revolution; il avait soutenu les courages dans tous les jours
de danger; il avait fourni la premiere idee du tribunal revolutionnaire,
de l'armee revolutionnaire, de la requisition permanente, de l'impot sur
les riches, et des quarante sous alloues par seance aux membres des
sections; il etait l'auteur enfin de toutes les mesures qui, devenues
cruelles par l'execution, donnaient neanmoins a la revolution cette energie
qui la sauva. A cette epoque, Danton commencait a n'etre plus aussi
necessaire, car depuis la premiere invasion des Prussiens on s'etait fait
du danger une espece d'habitude. Les vengeances qui se preparaient contre
les girondins lui repugnaient; il venait d'epouser une jeune femme dont il
etait epris, et qu'il avait dotee avec l'or de la Belgique, au dire de ses
ennemis, et suivant ses amis, avec le remboursement de sa charge d'avocat
au conseil; il etait atteint, comme Mirabeau, comme Marat, d'une maladie
inflammatoire; enfin il avait besoin de repos, et il demanda un conge pour
aller a Arcis-sur-Aube, sa patrie, jouir de la nature, qu'il aimait
passionnement. On lui avait conseille cette retraite momentanee comme un
moyen de mettre fin aux calomnies. La victoire de la revolution pouvait
desormais s'achever sans lui; deux mois de guerre et d'energie suffisaient,
et il se proposait de revenir, apres la victoire, faire entendre sa voix
puissante en faveur des vaincus et d'un ordre de choses meilleur. Vaine
illusion de la paresse et du decouragement! Abandonner pour deux mois,
pour un seul, une revolution si rapide, c'etait devenir pour elle etranger
et impuissant.
Danton refusa donc d'entrer au comite de salut public, et obtint un conge;
Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois, furent joints au comite, et y
apporterent, l'un son caractere froid et implacable, et l'autre sa fougue
et son influence sur les turbulens cordeliers. Le comite de surete generale
fut reforme. De dix-huit membres on le reduisit a neuf, reconnus les plus
severes.
Tandis que le gouvernement s'organisait ainsi de la maniere la plus forte,
un redoublement d'energie se manifestait dans toutes les reso
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