qui n'etaient point encore arrives, entrent dans ce moment. Barrere, le
rapporteur ordinaire, prend la parole. "Tout soupcon dit-il, dirige contre
le comite de salut public, serait une victoire remportee par Pitt. Il ne
faut pas donner a nos ennemis le trop grand avantage de deconsiderer
nous-memes le pouvoir charge de nous sauver." Barrere fait ensuite
connaitre les mesures prises par le comite. "Depuis plusieurs jours,
continue-t-il, le comite avait lieu de soupconner que de graves fautes
avaient ete commises a Dunkerque, ou l'on aurait pu exterminer jusqu'au
dernier des Anglais, et a Menin, ou aucun effort n'avait ete fait pour
arreter les etranges effets de la terreur panique. Le comite a destitue
Houchard, ainsi que le general divisionnaire Hedouville, qui n'a pas fait
a Menin ce qu'il devait; et on examinera sur-le-champ la conduite de ces
deux generaux; le comite va ensuite faire epurer tous les etats-majors et
toutes les administrations des armees; il a mis les flottes sur un pied qui
leur permettra de se mesurer avec nos ennemis; il vient de lever dix-huit
mille hommes; il vient d'ordonner un nouveau systeme d'attaque en masse;
enfin, c'est dans Rome meme qu'il veut attaquer Rome, et cent mille hommes,
debarquant en Angleterre, iront etouffer a Londres le systeme de Pitt.
C'est donc a tort que l'on a accuse le comite de salut public; il n'a pas
cesse de meriter la confiance que la convention lui a jusqu'ici temoignee."
Robespierre prend alors la parole: "Depuis long-temps, dit-il, on s'attache
a diffamer la convention et le comite depositaire de sa puissance. Briez,
qui aurait du mourir a Valenciennes, en est lachement sorti, pour venir a
Paris servir Pitt et la coalition, en deconsiderant le gouvernement. Ce
n'est pas assez, ajoute-t-il, que la convention nous continue sa confiance.
Il faut qu'elle le proclame solennellement, et qu'elle rapporte sa decision
a l'egard de Briez, qu'elle vient de nous adjoindre." Des applaudissemens
accueillent cette demande; on decide que Briez ne sera pas joint au comite
de salut public, et on declare par acclamation que ce comite conserve
toute la confiance de la convention nationale.
Les moderes etaient dans la convention, et ils venaient d'etre repousses,
mais les adversaires les plus redoutables du comite, c'est-a-dire les
revolutionnaires ardens, se trouvaient aux Jacobins et aux Cordeliers.
C'etait surtout de ces derniers qu'il fallait se defendre. Robespierre se
rendit
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