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se repand dans ses bataillons, et ses braves plient pour la premiere fois.
A cette vue, Kleber, pour arreter l'ennemi, place un officier avec quelques
soldats aupres d'un pont, et leur dit: _Mes amis, vous vous ferez tuer_.
Ils executent cet ordre avec un admirable heroisme. Sur ces entrefaites, le
corps de bataille arrive, et retablit le combat; les Vendeens sont enfin
repousses bien loin, et punis de leur avantage passager.
Tous ces evenemens s'etaient passes le 19; l'ordre de se reporter en avant,
qui avait si mal reussi aux deux divisions de Saumur et d'Angers, n'etait
pas encore parvenu, a cause des distances, aux colonnes de Lucon et de
Niort. Beysser etait toujours a Montaigu, formant la droite de Canclaux et
se trouvant decouvert. Canclaux voulant mettre Beysser a l'abri, lui
ordonna de quitter Montaigu et de se rapprocher du corps de bataille. Il
enjoignit a Kleber de s'avancer du cote de Beysser pour proteger son
mouvement. Beysser, trop negligent, avait laisse sa colonne mal gardee dans
Montaigu. MM. de Lescure et Charette la surprirent, et l'auraient aneantie
sans la bravoure de deux bataillons, qui, par leur opiniatrete, arreterent
la rapidite de la poursuite et de la retraite. L'artillerie et les bagages
furent perdus, et les debris de cette colonne coururent a Nantes, ou ils
furent recus par la brave reserve laissee pour proteger la place. Canclaux
resolut alors de retrograder, pour ne pas rester en fleche dans le pays,
expose a tous les coups des Vendeens. Il se replia en effet sur Nantes avec
ses braves Mayencais, qui ne furent pas entames, grace a leur attitude
imposante, et aux refus de Charette, qui ne voulut pas se reunir a MM.
d'Elbee et de Bonchamps, dans la poursuite des republicains.
La cause qui empecha le succes de cette nouvelle expedition sur la Vendee
est evidente. L'etat-major de Saumur avait ete mecontent du plan qui
adjugeait la colonne de Mayence a Canclaux; l'echec du 5 septembre fut pour
lui un pretexte suffisant de se decourager, et de renoncer a ce plan. Un
contre-ordre fut aussitot donne aux colonnes des Sables, de Lucon et de La
Rochelle. Canclaux, qui s'etait avance avec succes, se trouva ainsi
decouvert, et l'echec de Torfou rendit sa position encore plus difficile.
Cependant l'armee de Saumur, en apprenant ses progres, marcha de Saumur et
d'Angers, a Vihiers et Chemille, et si elle ne s'etait pas si tot debandee,
il est probable que la retraite des ailes n'aurait pas empe
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