eau fit des prodiges pour eviter un
desastre; mais sa division, apres avoir perdu ses bagages et son
artillerie, se retira pele-mele a Lucon. Cet echec pouvait nuire au plan
projete, parce que la desorganisation de l'une des colonnes laissait un
vide entre la division des Sables et celle de Niort; mais les representans
firent les efforts les plus actifs pour la reorganiser, et on envoya des
courriers a Rossignol, afin de le prevenir de l'evenement.
Tous les Vendeens etaient dans ce moment reunis aux Herbiers, autour du
generalissime d'Elbee. La division etait parmi eux comme chez leurs
adversaires, car le coeur humain est partout le meme, et la nature ne
reserve pas le desinteressement et les vertus pour un parti, en laissant
exclusivement a l'autre l'orgueil, l'egoisme et les vices. Les chefs
vendeens se jalousaient entre eux comme les chefs republicains. Les
generaux avaient peu de consideration pour le conseil superieur, qui
affectait une espece de souverainete. Possedant la force reelle, ils
n'etaient nullement disposes a ceder le commandement a un pouvoir qui ne
devait qu'a eux-memes sa fictive existence. Ils enviaient d'ailleurs le
generalissime d'Elbee, et pretendaient que Bonchamps eut ete mieux fait
pour leur commander a tous. Charette, de son cote, voulait rester seul
maitre de la Basse-Vendee. Ils etaient donc peu disposes a s'entendre, et a
concerter un plan en opposition a celui des republicains. Une depeche
interceptee venait de leur faire connaitre les projets de leurs ennemis.
Bonchamps fut le seul qui proposa un projet hardi et qui revelait des
pensees profondes. Il pensait qu'il ne serait pas possible de resister
long-temps aux forces de la republique reunies dans la Vendee; qu'il etait
pressant de s'arracher de ces bois, de ces ravins, ou l'on serait
eternellement enseveli, sans connaitre les coalises et sans etre connu
d'eux; en consequence il soutint qu'au lieu de s'exposer a etre detruit,
il valait mieux sortir en colonne serree de la Vendee, et s'avancer dans la
Bretagne ou l'on etait desire, et ou la republique ne s'attendait pas a
etre frappee. Il conseilla de marcher jusques aux cotes de l'Ocean, de
s'emparer d'un port, de communiquer avec les Anglais, d'y recevoir un
prince emigre, de se reporter de la sur Paris, et de faire ainsi une guerre
offensive et decisive. Cet avis, qu'on prete a Bonchamps, ne fut pas suivi
des Vendeens, dont les vues etaient toujours aussi bornees, et qui avaient
touj
|