, vers les premiers jours
d'aout, il detacha le general Crespo avec quelques bataillons. Celui-ci
n'eut qu'a se presenter devant Villefranche; le commandant lui en ouvrit
lachement les portes. Crespo y laissa garnison, et vint rejoindre Ricardos.
Pendant ce temps, Dagobert, avec un tres petit corps, parcourut toute la
Cerdagne, replia les Espagnols jusqu'a la Seu-d'Urgel, et songea meme a les
repousser jusqu'a Campredon. Cependant la faiblesse du detachement de
Dagobert, et la forteresse de Villefranche, rassurerent Ricardos contre les
succes des Francais sur son aile gauche. Ricardos persista donc dans son
offensive. Le 31 aout, il fit menacer notre camp sous Perpignan, passa la
Tet au-dessus de Soler, en chassant devant lui notre aile droite, qui vint
se replier a Salces, a quelques lieues en arriere de Perpignan, et tout
pres de la mer. Dans cette position, les Francais, les uns enfermes dans
Perpignan, les autres accules sur Salces, ayant la mer a dos, se trouvaient
dans une position des plus dangereuses. Dagobert, il est vrai, remportait
de nouveaux avantages dans la Cerdagne, mais trop peu importans pour
alarmer Ricardos. Les representans Fabre et Cassaigne, retires avec
l'armee a Salces, resolurent d'appeler Dagobert en remplacement de
Barbantane, afin de ramener la fortune sous nos drapeaux. En attendant
l'arrivee du nouveau general, ils projeterent un mouvement combine entre
Salces et Perpignan, pour sortir de cette situation perilleuse. Ils
ordonnerent a une colonne de s'avancer de Perpignan, et d'attaquer les
Espagnols par derriere, tandis qu'eux-memes, quittant leurs positions, les
attaqueraient de front. En effet, le 15 septembre, le general Davoust sort
de Perpignan avec six ou sept mille hommes, tandis que Perignon se dirige
de Salces sur les Espagnols. Au signal convenu, on se jette des deux cotes
sur le camp ennemi; les Espagnols, presses de toutes parts, sont obliges de
fuir derriere la Tet, en abandonnant vingt-six pieces de canon. Ils
viennent aussitot se replacer au camp du Mas-d'Eu, d'ou ils etaient partis
pour executer cette offensive hardie, mais malheureuse.
Dagobert arriva sur ces entrefaites, et ce guerrier, age de soixante-quinze
ans, reunissant la fougue d'un jeune homme a la prudence consommee d'un
vieux general, se hata de signaler son arrivee par une tentative sur le
camp du Mas-d'Eu. Il divisa son attaque en trois colonnes: l'une, partant
de notre droite, et marchant par Thuir sur Sainte-
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