n vu, moi.
JULES
C'est egal, dis toujours, puisque c'est sa faute; si tu ne veux pas,
je dirai que c'est toi, et je te ferai chasser.
MICHEL
Non, non, Monsieur Jules, non, non, il ne faut pas me faire chasser;
je dirai comme vous me l'ordonnez."
Et Michel prit Jules dans ses bras et l'emporta au chateau.
Le pauvre Blaise etait reste immobile, stupefait. Enfin il ramassa la
serpe et se dit:
"Faut-il que ce garcon soit mechant! Je vais vite tout raconter a
papa, pour qu'il connaisse la verite et qu'il sache bien que ce n'est
pas moi qui l'ai blesse."
Il courut vers la grille; son pere l'attendait avec impatience.
"Tu y as mis du temps, mon garcon, dit-il en recevant la serpe.
Qu'est-ce qui t'a retenu si longtemps?"
Blaise, tout essouffle, raconta a son pere ce qui s'etait passe; il
avait a peine termine son recit, que M. de Trenilly parut en haut de
l'avenue, marchant d'un pas precipite vers la grille.
"Anfry! cria-t-il avec colere, amenez-moi ce petit drole, qui s'est
cache dans la maison quand il m'a apercu."
Anfry marcha seul vers M. de Trenilly.
"Monsieur le comte, dit-il le chapeau a la main, je crois savoir ce
qui vous amene ici, et je sais que mon fils n'est pas coupable de ce
qui est arrive.
M. DE TRENILLY
Comment, pas coupable? Mon fils a au pied une grande entaille que lui
a faite votre garcon avec sa serpe, et vous trouvez qu'il n'est pas
coupable?
ANFRY
Ce n'est pas mon garcon, c'est le votre qui se l'est faite lui-meme.
M. DE TRENILLY
Ceci est trop fort, par exemple! Me faire croire que mon fils s'est
coupe pour le plaisir d'avoir une plaie et d'en souffrir pendant huit
jours.
ANFRY
Non, Monsieur le comte, mais par imprudence et par colere."
Alors Anfry raconta a M. de Trenilly ce que venait de lui apprendre
Blaise.
"Faites-le venir, dit M. de Trenilly, je veux l'entendre raconter a
lui-meme."
Anfry alla chercher Blaise, qu'il trouva blotti derriere un rideau.
ANFRY
Allons, Blaisot, viens parler a M. le comte; il veut que tu lui
racontes ce qui s'est passe avec M. Jules.
BLAISE
Oh! papa, j'ai peur. Il a l'air en colere; il va me battre.
ANFRY
Te battre! Sois tranquille, mon garcon, je suis la, moi; s'il fait
mine de te toucher, je t'emmene et nous quitterons la maison,
seulement le temps d'emporter nos effets."
Blaise sortit de sa cachette et, tout tremblant, suivit son pere, qui
l'emmena devant M. de Trenilly. Blaise n'osait lever l
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