e enfant, age de trois mois. Elle
etait rentree pour faire manger au petit sa bouillie, et, pendant
cette courte absence, celui de deux ans etait tombe dans la mare; il
n'avait pas pu en sortir et il avait ete noye. La mere poussait des
cris percants. Les voisins accoururent; les uns soutenaient la mere,
qui se debattait en convulsions; les autres avaient ramasse l'enfant,
le deshabillaient et essuyaient l'eau qui coulait de ses cheveux et
de tout son corps. Blaise courut a toutes jambes chercher un medecin.
Helene, quoique saisie et tremblante, aidait a essuyer l'enfant et a
l'envelopper de linges chauds et secs. Elle pensa ensuite que d'autres
voisines de la pauvre femme pourraient, en attendant le medecin, aider
a rappeler la vie et la chaleur dans le corps de ce pauvre petit, et
elle courut les prevenir du malheur qui etait arrive. Deux habitants
du voisinage, M. et Mme Renou, prirent chez eux differents remedes qui
pouvaient etre utiles, et entrerent chez la pauvre femme. Pendant que
Mme Renou cherchait a consoler et a encourager la malheureuse mere, M.
Renou fit etendre l'enfant sur une couverture de laine, devant le feu;
on le frotta d'eau-de-vie, d'alcali, de moutarde, on lui fit respirer
des sels, de l'alcali; on employa tous les moyens usites en de pareils
accidents, mais sans succes: l'enfant etait sans vie et glace. Quand
son malheur fut certain, la pauvre femme se jeta a genoux devant le
corps de son enfant, le couvrit de baisers et de larmes, le serra dans
ses bras en l'appelant des noms les plus tendres. On voulut vainement
la relever, lui enlever son enfant; elle le retenait avec force et ne
voulait pas s'en detacher. Enfin elle perdit connaissance et tomba
dans les bras des personnes qui l'entouraient. On profita de son
evanouissement pour la deshabiller, la coucher dans son lit et porter
l'enfant dans une chambre voisine. La bonne petite Helene n'avait
pas ete inutile pendant cette scene de desolation: elle bercait et
soignait le petit enfant de trois mois, dont personne ne s'occupait,
et qui criait pitoyablement dans son berceau. Helene finit par le
calmer et l'endormir.
Quand tout fut fini pour l'enfant noye et qu'on l'eut pose sur un lit,
enveloppe de couvertures, le medecin arriva.
"Eh bien, dit-il, l'enfant respire-t-il encore?
--Je le crois mort, dit Mme Renou; mais il y aurait peut-etre a
employer des moyens que je ne connais pas; essayez, Monsieur, et
tachez de rappeler cet enfant a la vi
|