obert;
il te battrait."
Francois partit aussitot et revint comme son frere, mais bien plus
effraye.
"Ses yeux brillent comme des chandelles, dit-il, je crois qu'il m'a
vu; il s'est leve et a regarde a la fenetre comme s'il voulait sauter
au travers; je me suis sauve; j'ai eu bien peur.
--Laisse-moi aller aussi, dit Alcine, le plus jeune; j'ai tant envie
de voir ses yeux qui brillent!
--Va, Alcine, mais prends bien garde qu'il ne te voie. Reviens tout de
suite."
Alcine partit enchante, quoique son coeur battit de frayeur. Il marcha
sur la pointe des pieds en approchant de la fenetre et chercha a voir,
mais il etait trop petit, il ne voyait rien. Alors il voulut grimper
sur le rebord de la fenetre et y reussit apres beaucoup d'efforts. Le
bruit qu'il faisait attira l'attention du comte, qui se leva et se
dirigea vers la fenetre au moment ou Alcine parvenait a y monter. Le
pauvre enfant poussa un cri de frayeur en voyant arriver a lui ce
terrible croquemitaine dont ses grands freres avaient eu peur. Le
comte, voyant l'enfant tout pret a degringoler, ouvrit precipitamment
la fenetre et le saisit par le corps. Le pauvre Alcine crut que
c'etait pour le devorer, et il se mit a crier plus fort en appelant
ses freres a son secours.
"Il me tient! il va me manger! Au secours! au secours! Robert,
Francois, au secours!"
Le comte, etonne de l'effet qu'il produisait, posa l'enfant par terre
au moment ou les freres, bravant le danger, accouraient, armes, l'un
d'une fourche, l'autre d'un rateau. Ils ouvrirent precipitamment la
porte et s'elancerent sur le comte, qui, ne s'attendant pas a cette
attaque, n'eut que le temps de se rejeter vivement au fond de la
chambre. Il s'arma d'une chaise pour s'en faire un bouclier contre la
fourche et le rateau qui cherchaient a l'embrocher et a l'assommer,
pendant qu'Alcine tout tremblant se relevait et s'esquivait. Robert et
Francois, voyant leur frere en surete, fondirent une derniere fois
sur le comte, toujours arme de sa chaise; la fourche et le rateau
resterent pris dans la paille de la chaise; Robert, se voyant desarme,
entraina son frere qui se trouvait egalement sans armes, et tous deux
se precipiterent hors de la chambre avec autant d'agilite qu'ils y
etaient entres. Le comte, revenu de sa surprise, voulut savoir ce qui
avait cause cette attaque inexplicable; il sortit, tourna autour de la
maison, visita les batiments de la ferme et n'y trouva personne. Les
enfants etaient
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