itres. Mon Dieu, protegez-les, ces
maitres si chers! Mon cher M. le comte, mon bon M. Jules! continuez,
mon Dieu, a les eclairer, a les diriger vers le bien. Et cette bonne
Mlle Helene! qu'elle me remplace pres d'eux! Mon Dieu, changez le
coeur de Mme la comtesse; encore une ame a sauver, mon bon Jesus! cela
vous est facile! Faites qu'elle vous aime, et tout sera bien."
Blaise se prosterna a terre, se releva, essuya ses yeux bouffis de
larmes, fit un grand signe de croix, et, se retournant pour s'en
aller, il apercut le comte et ses enfants. Son visage s'eclaira; il
fut sur le point de courir a eux, mais le respect pour la maison de
Dieu contint ce premier mouvement. Le comte s'etait leve en meme
temps; il se dirigea vers la porte, suivi de ses enfants et de Blaise.
Ce ne fut qu'apres etre sorti de l'eglise que Blaise, poussant un cri
de joie, se jeta dans les bras que lui tendait le comte, a la grande
satisfaction d'Helene, qui les regardait en riant.
HELENE
Tu n'as donc plus peur de papa, Blaise?
BLAISE
Peur? Vous voyez si j'en ai peur, Mademoiselle Helene. Peur? Peut-on
avoir peur de ceux qu'on aime tant?
--Je te remercie de ta priere, mon cher enfant, lui dit le comte en
lui serrant les mains.
--Vous m'avez entendu! dit Blaise en rougissant. J'ai donc parle tout
haut?
LE COMTE
Pas tout a fait haut, mais assez pour que nous t'ayons entendu.
BLAISE
Monsieur le comte, je viens de promettre au bon Dieu de ne rien faire
de ce qui pourrait deplaire a Mme la comtesse; non seulement je ne
chercherai pas a voir souvent M. Jules et Mlle Helene, mais encore je
les eviterai, je les fuirai, s'il le faut...
JULES
Nous fuir? Ah! Blaise, tu ne m'aimes donc pas?
BLAISE
Si vous saviez ce qu'il m'en coute, cher monsieur Jules! De grace,
je vous le demande avec instance, n'ebranlez pas ma resolution;
aidez-moi, au contraire, a la tenir. Mais voici la pensee que m'a
suggeree le bon Dieu, ou tout au moins mon bon ange. Monsieur le comte
n'est pas oblige d'obeir a Mme la comtesse, lui qui commande, qui est
le maitre. Alors, monsieur le comte, vous viendrez me voir, et
vous amenerez quelquefois M. Jules et Mlle Helene, n'est-ce pas?
Pardonnez-moi si j'en demande trop; c'est que je ne vous cache pas mes
pensees, et il me semble que celle-ci n'est pas coupable ni pour moi,
ni pour M. Jules, ni pour Mlle Helene.
--Ni pour moi, dit le comte en riant. Oui, mon ami, ta pensee est
bonne, et je la mettrai a
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