et noble ame, en verite, dit le comte en passant la lettre aux
enfants. Toujours le meme, jamais de rancune; le coeur toujours plein
de charite et de tendresse... Quel beau modele a suivre!
--Partons bien vite, dit la comtesse en mettant son chapeau: j'ai hate
d'embrasser ce pauvre garcon et de lui entendre dire qu'il ne m'en
veut pas."
Le comte donna le bras a sa femme, apres l'avoir tendrement embrassee,
et tous se dirigerent vers la demeure de Blaise, ou ils ne tarderent
pas a arriver.
"Nous voici au grand complet, mon cher enfant", dit le comte d'un air
joyeux en entrant.
Blaise se retourna vivement, son visage devint radieux, et il rougit
en voyant la comtesse s'approcher de lui et l'embrasser a plusieurs
reprises.
"Je viens te faire mes excuses de vive voix, pauvre enfant calomnie et
outrage; je n'avais pas assez de vertu pour comprendre la tienne, ni
assez de sagesse pour deviner le mobile de tes actions.
--Oh! Madame la comtesse! de grace! ne dites pas cela! Non, non, je
vous en prie, ne le repetez pas, dit Blaise, voyant que la comtesse
s'appretait a parler. Je pourrais avoir le malheur de prendre au
serieux ce que vous dictent votre trop grande indulgence et votre
bonte. Et que deviendrait ma premiere communion sans esprit
d'humilite? Je vous remercie mille fois, Madame la comtesse, vous etes
bonne! vous m'avez rendu si heureux!
LA COMTESSE
Je voudrais bien, mon pauvre enfant, n'avoir jamais que du bonheur
a te donner. Comme je te l'ai ecrit, prie Dieu pour que mes yeux
s'ouvrent tout a fait a ce qui est bon et chretien.
--Tu as meilleure mine que ce matin, mon ami, dit le comte d'un air
affectueux; c'est le bonheur qui te fait oublier tes maux.
--Je ne souffre plus, cher Monsieur le comte; je n'ai plus rien a
oublier. Mme la comtesse vient de fermer ma derniere plaie.
--Et j'espere ne pas la rouvrir, mon enfant, dit la comtesse en
souriant.
--Dis-nous donc quelque chose, s'ecria Jules en saisissant la tete de
Blaise et la tournant de son cote; tu n'en as que pour papa et pour
maman, et nous sommes la comme les dindons egares qui cherchent un
regard, un sourire, et qui ne les trouvent pas.
--Pardon, Monsieur Jules; pardon, Mademoiselle Helene; j'etais occupe
avec M. le comte et Mme la comtesse, dit Blaise en souriant; vous
savez que le general passe avant les officiers.
HELENE, _riant_
Et ou sont les soldats?
BLAISE
C'est moi qui suis le soldat, pret a executer vos comm
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