en attendant Blaise, qui avait
promis de venir les chercher; il fut exact au rendez-vous. A neuf
heures precises il entra chez Jules, s'approcha du comte, et, se
mettant a genoux devant lui et malgre lui, il lui dit:
"Monsieur le comte, je viens vous demander votre benediction; je vous
la demande comme une faveur, comme une preuve de l'amitie dont vous
voulez bien m'honorer; en la recevant, je croirai recevoir celle d'un
pere venere et cheri; benissez-moi, cher Monsieur le comte, benissez
le pauvre Blaise, qui sera toujours le plus devoue, le plus
respectueux de vos serviteurs, et qui priera tous les jours le bon
Dieu pour votre bonheur eternel.
--Cher enfant, dit le comte en le relevant et le serrant dans ses
bras, recois la benediction d'un chretien que tu as ramene au bon
Dieu, d'un pere dont tu as sauve le fils unique et bien-aime. Je te
la donne du fond de mon coeur. Je fais le serment de t'aimer toujours
d'une affection toute paternelle, de veiller a ton bien-etre, a ton
bonheur. Jules, mon fils, viens embrasser ton frere, plus que jamais
ton frere en Dieu, aujourd'hui que tu recevras a ses cotes le
Seigneur, qui est notre pere a tous."
Jules se precipita dans les bras de Blaise; ils se promirent une
amitie fidele et un constant souvenir devant le bon Dieu.
"Il est temps de partir, dit le comte; Jules, prends ton livre; et
voici le tien, mon ami, ajouta-t-il en presentant a Blaise un beau
_Paroissien_, relie en beau maroquin noir, dore sur tranches et avec
un fermoir en or.
--Il n'est pas a moi, Monsieur le comte; je n'ai pas de si beaux
livres. Voici le mien, dit Blaise en tirant de sa poche une pauvre
petite _Journee du chretien_ a moitie usee.
--C'est moi qui te donne ce _Paroissien_, dit le comte; il fait partie
de la collection que je t'ai promise et qu'on va t'apporter.
--Oh! merci, Monsieur le comte, repondit Blaise rouge et les yeux
brillants de bonheur. Merci; il me semble que je prierai mieux dans ce
livre donne par vous; et surtout j'y prierai toujours pour vous et les
votres.
--Partons, mes chers enfants, dit le comte; mais, avant de partir,
recevez une derniere benediction."
Et le comte, mettant les mains sur leurs tetes, les benit tous deux;
puis, les prenant ensemble dans ses bras, il leur donna a chacun un
baiser sur le front, essuya de sa main une larme qu'il y avait laissee
tomber, et tous trois, recueillis et silencieux, se mirent en route
pour l'eglise.
Elle se trouvait
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