andements.
LE COMTE
Nous sommes tous les soldats du bon Dieu et notre drapeau est la
croix.
BLAISE
Glorieux drapeau qu'il ne faut jamais deserter et qui a bien ses
douceurs, n'est-ce pas, Mademoiselle Helene?"
Helene ne repondit que par un signe de tete et un sourire; elle ne
voulut pas dire devant sa mere qu'elle avait souffert de sa froideur,
de sa severite passee; mais la comtesse la devina, et, l'attirant a
elle, l'embrassa et lui dit:
"Je tacherai a l'avenir de t'epargner les croix, ma pauvre enfant.
Mais a quand la premiere communion? M. le cure a-t-il fixe le jour?
JULES
Ce sera de dimanche en huit, maman; il est temps de s'occuper des
habits que papa a promis a Blaise.
LE COMTE
Ils sont deja commandes d'apres les indications de Blaise; les tiens
aussi, Jules.
JULES
Qu'est-ce que tu as demande pour toi, Blaise?
BLAISE
Des choses superbes, pour faire honneur a M. le comte: une redingote
en bon drap noir, un pantalon et un gilet blancs; des souliers bien
solides et une cravate blanche.
JULES
Pourquoi pas un habit au lieu d'une redingote?
BLAISE
Parce qu'une redingote est plus utile, et qu'un habit me mettrait
au-dessus des gens de ma classe, monsieur Jules.
HELENE
Quel livre as-tu pour la retraite et pour le jour de la premiere
communion?
BLAISE
Je n'en ai pas; j'ai un chapelet que m'a donne M. le cure, et qui est
beni par le pape, m'a-t-il dit.
HELENE
Maman, permettez-moi de lui donner une _Imitation de Notre-Seigneur_.
C'est un si beau et si bon livre!
LA COMTESSE
Donne-lui tout ce que tu voudras, ma fille; je serai ton tresorier; tu
puiseras dans ma caisse.
LE COMTE
Nous lui formerons une bonne et pieuse bibliotheque, qui lui fera
passer le temps dans les longues soirees d'hiver.
BLAISE
Que vous etes bon, Monsieur le comte! C'est tout ce que je desirais.
J'aime tant a lire! M. le cure me prete quelques livres, mais il n'en
a guere qui soient a ma portee.
LE COMTE
Pourquoi ne le disais-tu pas? Tu sais que je me serais fait un vrai
plaisir de satisfaire ce gout si sage et si utile.
BLAISE
Vous avez deja ete si bon pour moi, mon cher Monsieur le comte, que
j'aurais craint d'abuser de votre trop grande indulgence a mes desirs.
LE COMTE
Tu auras tes livres pour ta premiere communion, mon pauvre garcon. Je
suis content d'avoir si bien trouve."
Le comte et la comtesse resterent quelque temps encore pres de Blaise;
ils se ret
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