tout mon coeur, et que
je benis le bon Dieu du fond de mon coeur, et que nous devons tous
remercier le bon Dieu de tout notre coeur!" s'ecria le comte
en serrant ses enfants dans ses bras et les embrassant avec un
redoublement de tendresse.
Le comte s'echappa en riant et laissa les enfants surpris de cette
explosion si joyeuse, qui ne lui etait plus habituelle depuis le
retour de la comtesse.
"Allons chez maman, dit Helene; peut-etre nous expliquera-t-elle l'air
radieux de papa.
JULES
N'y restons pas trop longtemps; je ne sais jamais de quoi parler
devant maman: j'ai toujours peur d'etre gronde.
HELENE
C'est qu'elle ne pense pas comme nous et comme papa. Si elle pouvait
se trouver changee comme papa et toi, nous serions si heureux!
JULES
Oui, mais il faudrait pour cela qu'elle vit souvent Blaise, qu'elle
ecoutat Blaise, qu'elle aimat Blaise! Malheureusement elle le
deteste."
Tout en causant, ils etaient arrives a la porte de leur maman. A leur
grande surprise, au lieu de les attendre, elle alla au-devant d'eux et
les embrassa a plusieurs reprises avec vivacite.
"Helene et Jules, mes chers enfants, leur dit-elle d'une voie emue,
votre papa m'a fait lire la lettre du pauvre Blaise..."
A cette epithete de _pauvre_ Blaise, Helene et Jules ecouterent avec
anxiete.
LA COMTESSE, _continuant_
J'en ai ete tres touchee; j'ai reconnu que j'avais eu de lui une
fausse opinion, et non seulement je vous permets, mais je vous engage
a aller le voir...
--Voir Blaise! Aller chez Blaise! s'ecrierent les enfants avec
transport.
--Oui, mes enfants: voir Blaise, allez chez lui..., le plus que vous
pourrez. Vous lui direz que c'est moi qui vous envoie; vous lui
expliquerez que c'est sa reponse a la lettre que j'ai fait ecrire par
Helene qui a amene ce changement, et que je verrai avec plaisir votre
intimite avec lui.
--Merci, merci, maman! s'ecrierent encore Helene et Jules en se jetant
a son cou et en l'embrassant avec effusion. Merci du bonheur que vous
nous donnez a nous et a notre pauvre Blaise!
--Pauvres enfants! vous me faisiez pitie depuis quelque temps deja.
Plusieurs, fois j'ai ete sur le point de lever ma defense, mais je
n'etais pas encore bien convaincue, et je voulais attendre. Allez,
courez, pauvres enfants; allez porter la joie dans le coeur de votre
cher malade."
Les enfants embrasserent encore la comtesse et coururent chez Anfry.
Jules entra le premier, se precipita dans la chamb
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